Ayant dirigé la réalisation de onze films, ce réalisateur avait aussi assumé le rôle de président de la Cinémathèque française.
Le cinéaste et scénariste Jean-Charles Tacchella est décédé paisiblement dans son sommeil le jeudi 29 août à son domicile de Versailles. Âgé de 98 ans, son décès a été annoncé par sa famille le vendredi 30 août à l’AFP. Tacchella a signé une vingtaine de scénarios entre 1955 et 1962, contribuant notamment à des œuvres comme La Loi, c’est la loi de Christian-Jaque et Le Voleur de Tibidabo de Maurice Ronet.
Avec onze longs-métrages à son actif, cet ancien président de la Cinémathèque française a marqué le cinéma avec son film le plus célèbre, Cousin, cousine, sorti en 1975. Cette œuvre lui a valu une nomination aux Oscars et le prix Louis-Delluc. Le film a non seulement été un grand succès en France, mais a également conquis le public américain. En 1989, il a fait l’objet d’un remake réalisé par Joel Schumacher.
Une carrière en dehors des courants dominants
Jean-Charles Tacchella est né le 23 septembre 1925 à Cherbourg (Manche). Il a passé son adolescence à Marseille, au sein de sa famille d’origine génoise. Malgré les difficultés de la guerre, il n’a jamais renoncé à son amour pour le cinéma.
À la fin de la guerre, il déménage à Paris pour poursuivre sa passion cinématographique. Il saisit l’occasion de devenir critique pour l’hebdomadaire L’Ecran Français dès sa création. Par la suite, il s’implique dans « Objectif-49 », un ciné-club d’avant-garde dirigé par Jean Cocteau, qui est à l’origine de la future Nouvelle Vague.
Tacchella aimait dire que son travail se situait « en marge des vagues et des modes » et qu’il cherchait à « mêler le rire et l’émotion« . Selon lui, même dans un film noir, il était important d’intégrer une touche d’humour. Il a accédé tardivement à la réalisation, expliquant qu’il avait « plus de scénarios non réalisés que tournés« . Son premier court-métrage, Les derniers hivers, a remporté le prix Jean-Vigo en 1971. C’est seulement en 1973, à près de 50 ans, qu’il réalise son premier long-métrage, Voyage en Grande Tartarie, avec Jean-Luc Bideau.
« Cousin, Cousine », une réussite marquée par une simplicité charmante
Passionné par les histoires riches en personnages, Tacchella a souvent peint des portraits de personnages attachants mais parfois cruels, dont les relations évoluent au fil des trahisons et des amours soudaines. Son film le plus célèbre, Cousin, cousine, incarne cette thématique avec une trame sentimentale rythmée par des événements familiaux comme les mariages, anniversaires et enterrements.
Ce film raconte l’histoire d’une jeune femme et de son cousin dont l’amour naissant bouleverse la dynamique familiale. Il a été nominé aux Oscars en 1977 dans les catégories meilleur film étranger, meilleur scénario et meilleure actrice pour Marie-Christine Barrault. Le film a inspiré un remake, Cousins, réalisé par Joël Schumacher en 1989. Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, a loué la simplicité touchante du film de Tacchella, affirmant que son cinéma avait créé un lien quasi familial avec le public. « Nous étions tous l’oncle ou le neveu de l’auteur de Cousin, cousine », a-t-il déclaré, ajoutant que « son cinéma était vif et coloré, tout comme sa plume de critique« .
Dans un communiqué, Rachida Dati, alors ministre de la Culture démissionnaire, a honoré la mémoire de ce grand cinéphile et sa contribution significative au cinéma français d’après-guerre. Parmi ses autres œuvres notables figurent Le Pays bleu (1977, avec Brigitte Fossey), Il y a longtemps que je t’aime (1979, avec Jean Carmet) et Croque la vie (1981, avec Carole Laure et Bernard Giraudeau). Ces films se distinguent par un ton à la fois joyeux et ironique. Son film Escalier C (1985, avec Robin Renucci et Jean-Pierre Bacri) est également marquant, naviguant entre cinéma populaire et d’auteur. Il raconte la vie d’un immeuble parisien avec une série d’histoires qui s’entrelacent. Tacchella a été nominé deux fois aux César.
Après une incursion dans le film historique avec Dames galantes en 1990, il est revenu à la comédie avec L’homme de ma vie en 1992 et Tous les jours dimanche en 1995, mais ces œuvres ont rencontré un succès moindre.