Cette discussion, qui frôle la philosophie, refait surface à un moment où certains utilisateurs des réseaux sociaux soulignent une gêne (qu’elle soit fondée ou non) au sein de la gauche concernant les Jeux Olympiques.
La situation actuelle pousse certains représentants de la gauche à se justifier et à affirmer publiquement leur passion pour le sport, notamment samedi, face à Philippe Marlière, un chercheur en sciences politiques de l’University College de Londres, qui soutient que « la gauche française a un vide en ce qui concerne la compétition capitaliste« . Ce message a été visionné 1,4 million de fois.
Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias soulève lui-même cette problématique : « Le désintérêt général de la gauche pour le sport indique-t-il une déconnexion sociologique ? Peut-être bien. Ou est-ce un problème politique ? Oui, clairement !, » déclare-t-il. « Tout comme notre incapacité à revendiquer la Marseillaise, le drapeau tricolore et le concept de nation, hérités de la Révolution. »
La gauche éprouve-t-elle une aversion envers ces compétitions ?
Il est fort possible que les valeurs prônées par ces événements, le réflexe nationaliste, le culte du héros et une certaine virilité, en plus des enjeux environnementaux et sociaux liés à ces manifestations monumentales, ne rencontrent pas tous un soutien enthousiaste parmi les membres de la gauche. Cependant, même Sandrine Rousseau, écologiste peu encline à soutenir les JO, a récemment exprimé sa joie de participer à cette grande fête sportive, tweetant vendredi dernier : « Quel moment incroyable lors de cette journée olympique ! » Le moment fort avec Riner, Manaudou et Marchand a véritablement galvanisé le pays.
Bernard Thibault, ancien dirigeant de la CGT, a également partagé son plaisir pour la pétanque, sans oublier Manon Aubry, eurodéputée et joueuse de water-polo, qui ne cesse de demander à France Télévisions de diffuser les matchs. Rappelons aussi que la candidature pour ces Jeux a été portée par deux socialistes : François Hollande, alors président, et Anne Hidalgo, actuellement maire de Paris.
Quelles en sont les causes ?
Le malaise pourrait provenir de La France insoumise qui, le jour de l’ouverture des Jeux, a annoncé la création d’une commission d’enquête populaire sur Paris 2024. Selon eux, ces Jeux « accentuent les problèmes et dérives de la politique menée par Emmanuel Macron » et « sont éloignés de la cohésion et du plaisir liés au sport. » Le jour suivant, Jean-Luc Mélenchon sera également l’un des rares à gauche à se joindre aux critiques issues des rangs de Marion Maréchal et d’autres conservateurs concernant la cérémonie d’ouverture, notamment la représentation de Marie-Antoinette décapitée. Cela n’a pas empêché plusieurs élus de la NUPES d’honorer les médailles et les moments d’émotion, ni le député insoumis de Toulouse, François Piquemal, de s’attaquer au maire centriste Jean-Luc Moudenc pour avoir installé une fan zone dans la ville.
Ces Jeux sont-ils à droite ou à gauche ?
« Ils sont indiscutablement de droite ! » aurait conclu Denis Tillinac, qui ajoute, pour illustrer son propos, qu’en ce qui concerne le Tour de France, la droite a toujours soutenu Anquetil, le victorieux, tandis que la gauche a pris fait et cause pour Poulidor, éternel deuxième.