Dans l’Hexagone, presque toutes les premières pages des journaux du lundi sont dédiées à l’acteur décédé à l’âge de 88 ans. Son décès suscite également de vives réactions au niveau international.
« Fin du mythe », « Merci, génie ! » ou plus simplement « hypnotisant »… Les médias français et internationaux ont largement rendu hommage, le lundi 19 août, à la mémoire d’Alain Delon, dont le décès à l’âge de 88 ans a été annoncé le dimanche précédent. La majorité des journaux nationaux mettent en avant « le fauve » du cinéma français sur leurs premières pages.
Le Figaro, à l’instar du quotidien Le Parisien – où Delon était un lecteur fidèle au point de déclarer « Je m’imagine la une du Parisien lorsque je partirai » – titre « Le dernier Samouraï » avec une image en noir et blanc du comédien à la beauté captivante.
« Il a passé sa vie à mourir, rarement dans son propre lit. Cependant, la mort, celle qui compte, a mis du temps à arriver« , note Bertrand de Saint-Vincent dans son éditorial pour le Figaro, en écho aux destins tragiques de bon nombre de ses rôles. « Le dernier géant du septième art français s’éteint après une longue nuit : celle des divinités », écrit l’éditorialiste.
Un portrait en pleine page de l’artiste, cigarette à la main, a été choisi par Libération pour rendre hommage, avec pour titre « Plein sommeil », en référence au célèbre film Plein Soleil de René Clément, dans lequel il incarne Tom Ripley.
Intitulé « Alain Delon, sombrant dans la lumière », l’éditorial de Didier Péron décrit un individu « magnétique et inaccessibile » qui « a également cherché à briser les conventions en multipliant les relations absurdes et les œuvres à la chaîne ». Il fait référence aux propos controversés de Delon sur l’homosexualité, qu’il avait qualifié de « contre-nature ». De son côté, L’Humanité met en avant « la beauté diabolique » de l’acteur.
Les journaux régionaux rendent également hommage à Alain Delon dans leurs éditions. Le Télégramme écrit « Au revoir au mythe », tandis que Ouest-France mentionne « la disparition d’une icône sacrée ». Alexandre Poplavsky du Républicain Lorrain évoque « Ce fauve, ce félin, cette panthère noire d’une élégance sauvage » dans son éditorial intitulé « Alain Delon l’immortel ». Pendant ce temps, La Voix du Nord annonce « Une étoile a disparu » en première page.
« L’une des figures les plus énigmatiques du cinéma »
Le monde de la presse internationale écrit également des articles longs et détaillés sur cette légende du cinéma français, décrivant toutes les nuances de sa personnalité. « Un grand acteur et un grand réactionnaire », résume le quotidien italien La Repubblica, évoquant la complexité de ce personnage. En Italie, la presse, représentée par Il Corriere della Sera, met en avant l’acteur comme « beau et maudit », le portant au rang de « légende ». Le journal belge Le Soir le décrit comme une « icône éternelle ».
« Beau et fascinant, Alain Delon était l’une des figures les plus mystérieuses du cinéma« , note le critique du Guardian britannique, Peter Bradshaw.
De son côté, la BBC, tout en rendant hommage à un acteur qui « pouvait captiver les spectateurs dans n’importe quel rôle, qu’il soit celui d’un assassin ou d’un escroc charismatique », s’intéresse aussi à la tristesse qui a marqué la famille Delon, « dernier acte tragique » de l’existence de cette icône.
« Il a formé avec Romy Schneider un couple de rêve »
Les médias allemands rendent hommage de manière originale, en intégrant des phrases en français : « Merci, génie ! », titre le quotidien régional Munich Merkur. D’autres parlent de lui en le qualifiant « d’un homme fatal », comme le fait le Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Son aura, telle celle d’un bel ange de la mort, en a fait une légende du septième art. Ensemble avec Romy Schneider, ils ont constitué un couple légendaire, au-delà des écrans, souligne le Süddeutsche Zeitung. « Si l’on devait résumer le cinéma par quelques instants marquants, il y aurait le clochard de Chaplin, le style de James Dean, la robe soulignée de Marilyn Monroe, la scène de la douche d’Hitchcock et bien sûr Alain Delon dans Le Samouraï« , affirme le RFI allemand, Deutsche Welle.
Au Japon, où Alain Delon jouissait également d’une immense popularité, la chaîne NHK News souligne que l’artiste était « révéré pour son charme et sa gestuelle dans ses films ». « Son image d’icône et sa prestance à la James Dean ont fait de lui l’un des acteurs les plus admirés dans son pays », indique le Japan Times. Aux États-Unis, le New York Times évoque un homme « intense et d’une beauté saisissante », une « star internationale » convoitée par les plus grands réalisateurs de son époque. Il était considéré comme « le plus bel homme de l’histoire du cinéma », comme le soulignait le New Yorker dès le printemps dernier.