Parmi les partisans de Macron, les opinions divergent depuis que le président de la République a rejeté la formation d’un gouvernement provenant du NFP. Nous nous sommes rendus dans les Yvelines, l’un des fiefs de l’ancienne majorité présidentielle, pour observer la situation.
Le 27 août, Emmanuel Macron a ouvert une nouvelle phase de discussions avec les dirigeants politiques, suite à son refus d’accueillir un gouvernement dirigé par la coalition de gauche, qu’il qualifie de « coup de force antidémocratique » pour le Nouveau Front Populaire, qui demande « une grande mobilisation populaire. » Quelles sont donc les opinions des électeurs soutenants Macron ?
Comme chaque mardi, Oussama est sur la place de la République à Poissy, où se tient le marché. Fait notable de cette ville et de son département, les électeurs partagent presque tous le même point de vue : « C’est un peu le bazar, c’est le moins que l’on puisse dire. »
Colette, une enseignante à la retraite, est une inconditionnelle d’Emmanuel Macron, ayant été « époustouflée par son intelligence. » Cependant, elle avoue aujourd’hui : « On est un peu perdus. » Elle explique : « On ne sait pas ce qu’il va se passer. La situation nous semble quelque peu insoluble. »
« Il a pris un risque et a mis tout le monde dans une situation difficile. »
Colette, électrice macronisteà 42mag.fr
Pierre, qui travaille comme cadre administratif dans la fonction publique, a toujours été un soutien d’Emmanuel Macron, mais avoue : « Pas vraiment sur ce coup-ci. » Il déclare : « Il y a un certain ras-le-bol de voir le soleil tourner autour de Jupiter. À un moment donné, il faut savoir passer le relais. Que va-t-il se passer ensuite ? La France Insoumise prépare déjà des actions sociales d’envergure pour la rentrée. » Effectivement, le parti appelle à des manifestations le 7 septembre prochain, tandis que le Parti Socialiste reste en retrait.
« Ce n’est pas à lui de décider si Lucie Castets a le potentiel de durer ; ces consultations qu’il lance, c’est lassant et ce n’est pas nécessaire”, précise Pierre, visiblement désillusionné. Laoussine, ouvrier fraiseur, partage un avis similaire. « Les gagnants des élections, il ne veut pas les intégrer. Je suis perdu, vraiment. C’est trop compliqué. »
« Accorder du temps au temps »
Aimé, fromager, se dit également macroniste, mais sa patience s’étiole. « On est un peu frustrés, nous, on ne sait pas où on va. Comme le disait de Gaulle, avec le choix des fromages en France, c’est difficile à gouverner. »
Thierry, un autre sympathisant, ne voit pas de problème. « Les dispositions de la Constitution sont suffisamment claires. Il n’y a pas de raison de s’emballer. C’est très judicieux qu’il prenne son temps pour former la meilleure coalition possible. »
En partant, Thierry cite François Mitterrand : « Il faut donner du temps au temps. »