Les factions minoritaires au sein du Parti socialiste espèrent que le parti continuera les négociations avec l’Élysée et adoptera une attitude « constructive » envers Emmanuel Macron. Cette approche est cependant refusée par Olivier Faure, le leader des socialistes.
Les tensions au sein du Parti socialiste sont palpables, à tel point que certains y voient les prémices d’une « guerre des roses ». Du jeudi 29 au samedi 31 août, les socialistes ont étalé leurs divergences lors des journées d’été de leur parti à Blois (Loir-et-Cher). Le principal point de contention demeure le soutien au futur Premier ministre, dont Emmanuel Macron n’a toujours pas révélé l’identité, près de deux mois après les dernières élections législatives.
Le Parti socialiste continue de se débattre avec des différences notables dans ses stratégies internes. Olivier Faure, premier secrétaire du parti, reste fermement sur sa position et refuse toute nouvelle discussion avec l’Elysée après que le président de la République a rejeté la candidature de Lucie Castets, proposée par le Nouveau Front populaire, pour le poste de Premier ministre. En parallèle, les deux factions minoritaires au sein du parti cherchent à adopter une attitude plus « constructive », surtout avec la possibilité de voir Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste, de nouveau en lice.
« La vocation des socialistes, c’est de gouverner »
Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, a pris la parole vendredi via l’AFP. Il estime que ceux qui s’opposent à la ligne d’Olivier Faure sont « majoritaires auprès des militants », mais cette influence n’est pas reflétée dans les instances dirigeantes du parti. Défenseur d’une stratégie « ni Mélenchon, ni Macron », Mayer-Rossignol ne craint pas de critiquer la fracture existant entre certains socialistes et La France insoumise. Pour lui, il est crucial de reprendre le dialogue avec l’Elysée, car il existe une marge de manœuvre entre les deux extrêmes.
Cette approche est soutenue par d’autres figures du PS, comme Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, à la tête d’une autre motion d’opposition. Vendredi, elle a tenu une conférence de presse aux côtés de plusieurs autres contestataires, dont Lamia El Aaraje, adjointe à la maire de Paris, François Kalfon, député européen, Patrick Kanner, chef des sénateurs socialistes, Michael Delafosse, maire de Montpellier, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, et Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, qui s’est déclaré « disponible » pour Matignon.
Ces élus insistent sur la nécessité de « changer de stratégie » et de quitter « le bruit et la fureur ». Cependant, sur la concrétisation de cette stratégie, ils restent vagues. « Nous devons créer une majorité de non-censure », a proposé Carole Delga. « La vocation des socialistes, c’est de gouverner, donc nous sommes candidats pour le faire, sur la base du choix des électeurs », a confié un député européen à France Télévisions. Cependant, il s’oppose à une participation à un « gouvernement macroniste ou de droite ».
« Si vous allez avoir la droite, vous serez la droite »
Olivier Faure, pour sa part, rejette toute idée de soutenir un Premier ministre qui serait « l’obligé » d’Emmanuel Macron. Le député de Seine-et-Marne continue de défendre Lucie Castets pour ce poste. Pour afficher une image d’unité, la direction du PS a organisé une réunion en fin de journée, en présence de Castets ainsi que de Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes-EELV.
Faure avertit que si les 66 députés socialistes choisissent de soutenir un gouvernement autre que celui du Nouveau Front populaire, ils seraient « minoritaires dans un gouvernement de droite ». Pour lui, « si vous allez avec la droite, vous serez la droite ». À son arrivée, Lucie Castets a été applaudie par les militants socialistes. Elle a souligné qu’Emmanuel Macron est prêt à laisser la gauche accéder aux responsabilités, à condition qu’elle « cesse d’être la gauche ».
« Emmanuel Macron veut briser le PS »
Officiellement, Lucie Castets reste la candidate des socialistes et du Nouveau Front populaire pour Matignon. Un sénateur socialiste se demande : « Est-elle légitime pour déterminer l’avenir de la gauche ? Il y a débat », tout en soulignant la nécessité de réfléchir à l’avenir de « l’alliance » des partis de gauche.
En parallèle des discussions sur le prochain Premier ministre, chacun se prépare déjà pour les prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2027. Certains socialistes espèrent se libérer de l’alliance avec La France insoumise, un pari risqué quand on se rappelle que la candidature d’Anne Hidalgo, maire de Paris, avait recueilli seulement 1,75% des voix lors du premier tour des présidentielles il y a trois ans.
Les dissensions au sein du PS pourraient jouer en faveur du président de la République. Selon un ministre, Emmanuel Macron cherche activement à « briser le PS comme il l’a fait avec Les Républicains ».