Depuis les élections législatives anticipées de juillet, aucun groupe ne dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, ce qui relance le débat sur l’instauration d’un système proportionnel.
Raphaël Glucksmann fait une suggestion ce mardi 20 août dans les pages du Point : « rassemblons rapidement une majorité en faveur de la proportionnelle en vue des prochaines législatives« . Bien que cela ne résolve pas le blocage actuel concernant la formation d’un gouvernement, cela pourrait clarifier les choses pour l’avenir. Selon l’eurodéputé PS-Place Publique, cela offrirait « plus de clarté lors du vote, ce qui pousserait ensuite à trouver des compromis pour gouverner« .
Si nous choisissons la proportionnelle, il est peu probable que l’Assemblée nationale soit moins fragmentée qu’elle ne l’est actuellement. Le souci principal réside dans le fait qu’en ce moment, nous avons les inconvénients du système proportionnel – une majorité difficile à établir – sans en avoir les règles claires. Nos institutions ont été conçues pour un système où un candidat l’emporte avec une majorité nette, sans considération pour les perdants. En revanche, en l’absence d’une victoire claire, nous sommes dans l’incapacité de gérer la situation, ce qui est en partie dû à notre culture politique et à nos habitudes. On constate cela depuis le 7 juillet : la gauche veut gouverner seule en s’appuyant sur son programme, alors qu’elle ne compte que 193 députés, la droite refuse de former une coalition, et l’ancienne majorité appelle à ce que la droite et la gauche, à l’exception de LFI, « collaborent ensemble« , sans grands résultats jusqu’ici. Nous tournons en rond, échangeons des courriers, le président a prévu de rencontrer chaque partie séparément à partir de vendredi, mais cela ne débouche pas sur de véritables négociations.
NFP, RN, Renaissance… Tous en faveur de la proportionnelle
Si l’élection des députés se faisait à la proportionnelle, les règles du jeu seraient établies dès le début. Chaque parti se présenterait individuellement, avec ses propres idées, et pourrait ainsi vérifier son poids électoral. Il y a un point que Raphaël Glucksmann envisage probablement : cela éliminerait la nécessité de créer des alliances avant le scrutin, donc pas de distribution des circonscriptions entre LFI. En optant pour la proportionnelle, la logique change, les dirigeants politiques seront conscients qu’ils devront construire des alliances après le vote. Cependant, cela ne signifie pas que tout se fera facilement, car plusieurs exemples en Europe montrent que la formation d’une coalition peut prendre des mois, impliquant des compromis : je renonce à une mesure en échange d’une autre, et réciproquement.
La proportionnelle trouve des soutiens à travers tous les bords politiques. Dans l’ensemble, le NFP est favorable, suivi par des Insoumis et des Écologistes. Le RN réclame également depuis longtemps la proportionnelle, bien qu’il ait montré une certaine hésitation début juillet, lorsque Marine Le Pen semblait se satisfaire du système majoritaire. Cependant, cela a changé après avoir fait face au front républicain lors du second tour. Dans l’ancienne majorité, François Bayrou est un ardent défenseur de la proportionnelle. Ce mardi, dans L’Opinion, Laurent Hénart, président du Parti radical et proche d’Emmanuel Macron, exprime également son soutien. Plus tôt dans l’année, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, était presque la seule à Renaissance à vouloir initier ce projet. Cependant, depuis la dissolution, les partisans du système proportionnel pourraient bien se révéler majoritaires à l’Assemblée.