Le vice-président du Rassemblement national a critiqué ce qu’il qualifie de « sud-américanisation » de la France à la suite du décès d’un gendarme lors d’une situation où un individu a refusé de se soumettre à l’autorité dans les Alpes-Maritimes. Dans son discours, il a présenté des statistiques qu’il semble avoir exagérées.
« Notre nation s’oriente vers une forme de sud-américanisation », s’inquiète Sébastien Chenu le mardi 27 août, suite à la décès d’un gendarme en raison d’un refus d’obtempérer dans les Alpes-Maritimes. Le vice-président du Rassemblement national exprime son analyse sur TF1 : « On observe 70 refus d’obtempérer par jour. Il est d’ailleurs étonnant qu’il n’y ait pas davantage de victimes. En réalité, on pourrait déplorer des décès chaque jour dus à ces refus d’obtempérer. » Est-ce que cela est véridique ?
63 refus d’obtempérer quotidiens, une diminution observée
Le chiffre de 70 refus d’obtempérer par jour avancé par Sébastien Chenu est inexact et légèrement exagéré. Il provient d’une estimation réalisée par le journal Le Figaro pour le premier trimestre de l’année 2022. À cette époque, aucun rapport officiel n’avait été formulé concernant les refus d’obtempérer, et l’estimation proposée par Le Figaro a été largement reprise, y compris par Cnews.
Depuis, le SSMSI, le service de statistiques du ministère de l’Intérieur, a publié son premier rapport officiel sur ce sujet en avril 2024, fondé sur les rapports des forces de l’ordre. D’après ce rapport, les gendarmes et policiers ont fait face à 23 100 refus d’obtempérer en France en 2023. En divisant ce chiffre par le nombre de jours dans une année, on obtient environ 63 refus d’obtempérer par jour l’année passée.
Ce rapport a également révélé que le nombre de refus d’obtempérer sur une année est en légère baisse depuis 2016. En effet, en 2016, il y avait eu 24 400 refus d’obtempérer, chiffre qui a atteint un maximum de 27 300 en 2021. Par la suite, deux années de baisse se sont enchaînées. En conclusion, en 2023, le nombre de refus d’obtempérer était inférieur à celui de 2016.
Environ 12 refus d’obtempérer par jour présentant un danger
Cependant, tous ces refus d’obtempérer ne mettent pas nécessairement la vie d’autrui en péril. En 2023, 4 400 refus d’obtempérer ont présenté un risque mortel ou de blessure permanente pour une personne, ces cas étant qualifiés de « refus d’obtempérer aggravés ». Cela correspond à une moyenne de 12 cas par jour. Ces refus représentent 21% de l’ensemble des refus d’obtempérer observés.
De plus, ces refus aggravés ont également montré une tendance à la baisse. Entre 2016 et 2021, leur nombre avait augmenté, passant de 3 800 à 5 500 par an, avant de diminuer à nouveau en 2022 et en 2023. Néanmoins, la baisse du nombre de refus d’obtempérer aggravés est moins rapide que celle des refus d’obtempérer qui ne sont pas dangereux, ce qui entraîne une hausse proportionnelle des refus considérés comme graves. En effet, ces derniers constituaient 16% du total des refus en 2016, tandis qu’ils dépassent les 20% depuis 2021.