Selon le représentant du Rassemblement national, le remboursement des intérêts de la dette serait priorisé par rapport au budget alloué à l’Éducation nationale d’ici 2027. En réalité, il existe deux approches pour apprécier ce budget.
Alors que le gouvernement en poste depuis 38 jours prépare le budget pour l’année 2025, Philippe Ballard, porte-parole du Rassemblement national, a déclaré le 22 août sur 42mag.fr que le remboursement de la dette pourrait devenir la principale dépense de l’État français. « Lors du dernier budget, nous étions à un montant consacré au remboursement des intérêts de la dette de 48 milliards, a-t-il précisé. Nous prévoyons qu’en 2027, cela atteigne 80 milliards. Ce sera donc le premier poste budgétaire, devant l’Éducation nationale et la Défense. »
Cependant, cette déclaration dépend de l’interprétation des chiffres. Pour clarifier, un rapport récemment publié par la Commission des finances du Sénat indique que le montant consacré au remboursement des intérêts de la dette pourrait plutôt se chiffrer à plus de 72 milliards d’euros d’ici 2027, et non les 80 milliards évoqués par Philippe Ballard. En intégrant les pensions de retraite des enseignants dans le budget de l’Éducation nationale, celui-ci s’élève à 87 milliards d’euros dans le projet de loi de finance pour 2024. Ainsi, le remboursement de la dette demeurerait en seconde position.
Il est à noter que si l’on ne prend pas en compte les retraites des enseignants, le montant du budget de l’Éducation nationale s’établit à 63,6 milliards. Dans ce cas, le remboursement des intérêts de la dette pourrait effectivement dépasser ce budget et devenir la dépense principale en 2027. Toutefois, il convient de rappeler que toutes ces prévisions sont soumises à des variations. Le Sénat met en garde contre des évolutions possibles dans les finances publiques en fonction de la politique du gouvernement en place.
L’augmentation des intérêts de la dette
Philippe Ballard mentionne également que les intérêts de la dette sont appelés à augmenter considérablement d’ici 2027. Cette affirmation est corroborée par de nombreuses projections. Toujours selon le rapport sénatorial, le remboursement des intérêts de la dette s’élève actuellement à un peu plus de 46 milliards d’euros et devrait poursuivre sa hausse pour atteindre, en 2027, les 72 milliards évoqués plus haut.
Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), d’ici 2030, la pression liée à la dette sur le budget français connaîtra une augmentation bien plus marquée qu’en Grèce, en Espagne ou en Italie, en raison d’un montant de dette qui dépasse les 3 000 milliards d’euros pour la France.
Si la France se retrouve avec une telle hausse des intérêts, c’est en grande partie à cause de l’augmentation des taux d’intérêt des banques qui a eu lieu ces deux dernières années. Ce phénomène s’applique tant aux particuliers souhaitant obtenir un prêt immobilier qu’aux États empruntant pour financer leurs dépenses courantes. Pour donner un exemple concret : en 2022, la France empruntait à un taux de 1 %, alors qu’actuellement, ce taux frôle les 3 %.