Marine Le Pen et Jordan Bardella sont prévus pour une rencontre avec le président de la République ce lundi, mais ils demeurent discrets sur leurs véritables intentions.
Suite à leur performance relativement décevante lors du second tour des élections législatives du 7 juillet, les membres du Rassemblement national (RN) ont choisi de se montrer discrets durant l’été. Avec 126 députés, devenant ainsi la troisième force à l’Assemblée nationale et un total de 142 si l’on inclut ses alliés proches d’Eric Ciotti, contre 89 dans la législature précédente, le RN sème le doute sur ses ambitions. Marine Le Pen et Jordan Bardella, leaders de ce parti, sont attendus pour une rencontre avec Emmanuel Macron lundi 26 août à l’Elysée. Cette entrevue fait partie des « consultations » organisées par le président de la République dans le but de nommer un nouveau Premier ministre, six semaines après le scrutin législatif.
Positionnement face à la gauche
Une chose est certaine : le RN entend s’opposer au Nouveau Front populaire (NFP) au pouvoir. Marine Le Pen avait été explicite début juillet : « Il est certain que notre groupe déposera des motions de censure contre tout gouvernement incluant des membres de LFI ou des Verts. » a-t-elle déclaré sur X. Le groupe, selon la vice-présidente du RN Edwige Diaz, « est suffisamment solide » pour pouvoir « déposer des motions de censure », comme elle l’a mentionné sur franceinfo mardi. En revanche, le parti d’extrême droite semble prêt à rester ouvert sur d’autres sujets. « Nous prendrons en considération les propositions. Nous devons agir de manière responsable et, comme lors de la dernière législature, nous ne rejetterons pas systématiquement toutes les propositions », a indiqué à l’AFP Thomas Ménagé, député du Loiret.
Quant à la possibilité de ne pas censurer un Premier ministre issu d’un parti de droite modéré ? « Utiliser la censure de manière politique a un sens. Si l’on s’en sert comme un outil pour « ridiculiser » les débats à l’Assemblée, ce n’est pas notre manière de faire, c’est la stratégie de LFI », a répondu le député Franck Allisio. Pour Edwige Diaz, « une plus large coalition entre le PS et les Républicains n’est pas viable en raison de leurs divergences. »
Collaborations possibles à l’Assemblée malgré l’isolement
En cherchant à projeter une image sérieuse, le RN se trouve cependant en situation d’isolement. Il n’a pas reçu le « pacte d’action » proposé par la majorité présidentielle, un document établi à la mi-août pour envisager un cadre de négociation élargi. Pourra-t-il revenir au Palais-Bourbon avec un sentiment de revanche après avoir été écarté de tous les postes clés ? Thomas Ménagé reconnaît : « Nous envisagerons peut-être de manière moins conciliante la situation face au mépris qui pèse sur notre électorat. Toutefois, nous ne sommes pas dans une dynamique d’hostilité. » Il insiste que « l’objectif principal sera de peser sur les projets de loi ». Si la gauche propose d’abroger la réforme des retraites, Philippe Ballard a confirmé que les parlementaires du RN soutiendraient la mesure, car « cela correspond aux intérêts des Français. »
Les dirigeants du RN attendent un rendez-vous marquant pour mettre en avant leur action : le 31 octobre, qui sera marqué par la niche parlementaire du groupe. Le RN prévoit d’aborder une question sensible, l’abrogation de la réforme des retraites. Avant cela, Marine Le Pen sera au centre de l’actualité pour un autre motif. En effet, elle et 26 autres personnes devront comparaître à partir du 30 septembre pour détournement de fonds publics, soupçonnées d’avoir utilisé des fonds de l’Union européenne afin de rémunérer des assistants d’eurodéputés ayant en réalité des fonctions au sein du parti.
Au-delà de leur travail au sein de l’Assemblée, les membres du RN envisagent une dissolution de la Chambre basse prévue pour l’été prochain comme une stratégie. C’est « la seule solution politique envisageable » pour sortir la France de l’« impasse », selon Edwige Diaz. Philippe Ballard soutient même que « c’est la seule façon de progresser (…) pour sortir cette nation de ce marasme. » En attendant, le RN s’efforce de sélectionner soigneusement ses candidats pour éviter des polémiques similaires à celles du passé. Cette mission a été confiée au député européen RN Aleksandar Nikolic, qui se chargera de « faire le point fédération par fédération. »