Le jugement, qui touche à sa fin ce vendredi, se déroule en Suisse parce qu’il porte sur des événements survenus dans la propriété des Hinduja située à Cologny, aux abords de Genève. Dès leur arrivée, les employés domestiques se voyaient retirer leur passeport et devaient faire face à des journées de travail allant de quinze à dix-huit heures.
La famille la plus fortunée du Royaume-Uni est actuellement jugée en Suisse, jusqu’au vendredi 21 juin. Les Hinduja, des multi-milliardaires d’origine indienne, dirigent un vaste conglomérat mondial avec 200 000 employés travaillant dans divers secteurs tels que l’industrie, la finance, les services informatiques, la santé et l’immobilier. Leur réputation a été entachée pour la première fois au début des années 2000 lorsqu’un membre de la famille a tenté de soudoyer un ministre pour obtenir la citoyenneté britannique. Cette fois, deux parents, leur fils et leur belle-fille sont accusés d’avoir exploité leur personnel domestique pendant plus de dix ans dans leur résidence de Cologny, près de Genève. La procédure judiciaire, initiée en 2018, a été retardée à plusieurs reprises par les avocats de la famille qui ont multiplié les appels.
Ils sont accusés d’avoir abusé de la vulnérabilité des employés recrutés parmi les classes les plus pauvres de l’Inde. Dès leur arrivée en Suisse, ces domestiques étaient privés de leur passeport. Leur emploi du temps était également pointé du doigt avec des journées de travail de 15 à 18 heures, chaque jour, pour s’occuper des enfants et faire le ménage, dans une villa dont ils ne pouvaient pas sortir sans autorisation, sauf pour rentrer en Inde une fois par an. Leur salaire était inférieur à 250 euros par mois. Comme le procureur l’a souligné au début du procès, chez les Hinduja, le chien recevait plus d’attention financière que les domestiques.
Un arrangement financier avec les plaignants
La famille Hinduja rejette en bloc les accusations de pratiques d’esclavage moderne, et leurs avocats minimisent les charges, arguant qu' »assister à un film avec les enfants » n’est pas réellement du travail. Les parents, âgés de 75 et 78 ans, sont restés à leur domicile de Monaco en raison de problèmes de santé. À la barre, les anciens domestiques appelés comme témoins ont témoigné favorablement sur ces employeurs, les décrivant comme des personnes riches et puissantes mais également philanthropes et respectueuses, traitant le personnel comme faisant partie de la famille. La semaine passée, les Hinduja ont conclu un accord financier avec les plaignants, incluant une clause de confidentialité, mais cela n’a pas interrompu le procès. Les avocats de la famille accusent la justice de transformer une simple affaire de droit du travail en une croisade contre les ultras-riches.
Genève n’est pas étrangère à ce type de situations. L’esclavage moderne existe dans presque tous les pays du monde, et dans une ville qui abrite de nombreux milliardaires et organisations internationales, les procès pour mauvais traitements ou travail forcé ne sont pas rares. Plus les crises mondiales se multiplient, plus ce phénomène s’étend. En 2023, quatre ressortissantes philippines ont intenté une action en justice contre une mission diplomatique auprès des Nations unies, accusant celle-ci de non-paiement de salaires pendant des années. Dans le cas des Hinduja, le procureur a requis cinq ans et demi de prison ferme pour les parents, et quatre ans et demi contre le fils et son épouse. Le verdict sera rendu vendredi.