Mercredi, le nouveau Premier ministre Keir Starmer a visité les villes de Berlin et de Paris. Son objectif est de rétablir la confiance de ses partenaires européens après une phase compliquée. Pour y parvenir, il mise sur le renforcement des relations commerciales ainsi que sur des collaborations en matière de défense.
Quel avenir pour la relation, profondément détériorée ces huit dernières années, avec nos voisins britanniques ? Le nouveau Premier ministre du Parti travailliste, Keir Starmer, s’est rendu en Allemagne le mercredi 28 août 2024, pour avoir un échange avec Olaf Scholz. Par la suite, il est arrivé en France dans la soirée pour assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques à Paris.
Au moment de son arrivée, début juillet, au 10 Downing Street, il s’était engagé à restaurer la confiance avec ses partenaires européens. Toutefois, il n’est pas question de revenir sur le Brexit, ce divorce voté il y a 8 ans et concrétisé 4 ans plus tard, en 2020. Même si tous les sondages au Royaume-Uni montrent qu’une majorité de Britanniques regrettent la sortie de l’UE, le travailliste Keir Starmer, tout comme les conservateurs, n’envisage aucunement un retour en arrière.
Redresser l’économie britannique, une priorité absolue
Keir Starmer écarte d’emblée l’idée de réintégrer le marché unique européen et l’union douanière, encore moins d’adhérer au traité sur la libre circulation des personnes. Néanmoins, il souhaite renforcer les échanges commerciaux avec les Européens. Dès son élection, le Premier ministre s’est positionné comme un « ami et partenaire » des 27 États membres, avec une priorité claire : redresser l’économie britannique.
Face au « trou noir » laissé par les conservateurs, il annonce un budget « douloureux » à venir, car retrouver une croissance est sa « mission numéro un », a affirmé Keir Starmer à Berlin. Cette croissance ne se fera pas sans l’Allemagne, deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni. Jeudi 28 août, il rencontrera à Paris des chefs d’entreprise français, avant de s’entretenir avec Emmanuel Macron à l’Élysée.
L’immigration, une question sensible pour les trois pays
Un autre point de coopération entre Londres, Berlin et Paris concerne la sécurité et la défense. Keir Starmer et son homologue allemand Olaf Scholz ont confirmé la signature d’ici la fin 2024 d’un traité bilatéral inédit : « une chance unique en une génération », affirment-ils. Cet accord comportera un volet Défense, d’autant plus important que l’Allemagne et le Royaume-Uni sont, après les États-Unis, les principaux fournisseurs d’aide militaire à l’Ukraine.
Le troisième enjeu majeur de cette mini-tournée européenne de Keir Starmer est l’immigration. Ce dossier est particulièrement sensible après deux événements tragiques survenus au Royaume-Uni et en Allemagne. Des émeutes racistes ont secoué l’Angleterre après une attaque au couteau sur trois fillettes par un enfant d’immigrés naturalisés, présentant des troubles autistiques. Pendant ce temps, en Allemagne, l’attentat meurtrier de Solingen le vendredi 23 août 2024, perpétré par un Syrien et revendiqué par l’État Islamique, a ravivé le débat sur l’immigration et renforcé l’extrême droite. Le sujet de l’immigration a également pesé lourdement sur la relation franco-britannique ces dernières années, les conservateurs alors au pouvoir à Londres faisant de la lutte contre les « small boats » traversant la Manche un point central de leur politique.
Le Premier ministre britannique a désormais pour objectif de tourner une page marquée par des tensions et des douleurs, de réparer les « relations brisées héritées », dit-il, « du gouvernement précédent », grâce à des gestes symboliques, des mots et des accords bilatéraux.