Le long métrage espagnol « Septembre sans attendre », réalisé par Jonas Trueba, est arrivé dans les cinémas ce mercredi. Il raconte l’histoire singulière d’un duo amoureux en pleine rupture, qui décide toutefois de marquer cet instant en le célébrant, déconcertant ainsi leur entourage.
Dans les œuvres cinématographiques de Jonas Trueba, ne cherchez pas de confrontation. Ce jeune réalisateur espagnol, grand admirateur de François Truffaut, qu’il honore dans ses films, partage avec son prédécesseur l’idée que le cinéma est plus somptueux que la réalité. Cela dit, la réalité de la vie quotidienne infuse son travail et celui de son équipe. Sa partenaire, Itsaso Arana, incarne Ale, qui forme un couple avec Alex depuis 15 ans. Ils vivent tous deux dans l’univers du cinéma et réalisent un film qui est en fait le film lui-même, offrant une mise en abîme complète.
Sans conflits apparents, le couple décide de se séparer et de célébrer cette rupture, laissant leurs proches dans l’incompréhension. Trueba transforme ces moments de vie ordinaire en un film empreint de douceur. « On peut également composer un film avec des sujets légers, précise-t-il. Il n’est pas nécessaire d’avoir de grands thèmes ou des histoires monumentales. En tant que spectateur, je souffre un peu que le cinéma soit si souvent excessif. Ce film est un acte de rébellion douce, provocateur. Nous partons d’une simple blague pour créer une comédie romantique, universelle, entre un homme et une femme. »
La fin d’une saison et d’un couple
Alors que l’été touche à sa fin à Madrid, Alex et Ale organisent cette fête de séparation, tentent de conserver leur légèreté, mais la crainte du vide les rattrape. Ce qui pourrait être lourd ou violent ailleurs est ici traité avec une humanité et une subtilité pénétrantes. Du jeu des acteurs à la délicatesse du montage, ce cinéma impose son style. Une tribu d’amis que l’on retrouve de projet en projet.
« Nous sommes une famille cinématographique, une famille choisie, semblable à une troupe de théâtre, raconte Itsaso Arana. Le film pose des questions sur la fidélité, sur la persistance à travers le temps, et notre méthode de travail est liée à ces interrogations. Il arrive souvent que nous pensions tout abandonner : le cinéma, notre couple, nos amis, notre ville. Ce film parle de tout cela et, je crois, nous en sortons avec une note d’optimisme. »