À une semaine du retour en classe, la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, annonce la rentrée scolaire avec un ton décontracté. Pour le SNUipp, cette attitude semble tout à fait absurde.
Dans une semaine, le lundi 2 septembre, les élèves reprendront le chemin de l’école, du collège ou du lycée. Toutefois, cette rentrée scolaire se déroule dans un climat particulier, puisque le nouveau gouvernement n’a pas encore été constitué, plus d’un mois après les élections législatives. Selon le principal syndicat des enseignants, cette situation est inédite : « On a du mal à envisager une rentrée sans ministre. »
Alors qu’elle attend la formation d’un nouveau gouvernement, Nicole Belloubet, la ministre sortante, a rencontré lundi matin les recteurs et les cadres de l’Éducation nationale. Elle prévoit aussi d’organiser une conférence de presse pour la rentrée mardi 27 août. Cependant, pour Guislaine David, la secrétaire générale du SNUipp, cette situation soulève des interrogations concernant sa légitimité.
« Il y a tout de même des doutes à émettre concernant la légitimité de cette conférence de presse. »
Guislaine David, secrétaire générale du SNUippsource : 42mag.fr
« Jamais la rentrée ne s’est faite avec une ministre démissionnaire, affirme-t-elle avec regret. Elle va donner le ton pour cette rentrée. Va-t-elle fixer un cap basant sur la circulaire de rentrée, élaborée avant la dissolution et les élections législatives, qui est alignée avec les vues d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, mais qui ne reflète pas les attentes des Français ni celle des enseignants ?
Pour le syndicat, il est impératif d’ouvrir le dialogue non pas avec ce gouvernement démissionnaire, mais avec le Parlement nouvellement élu. Ils prévoient donc de solliciter les députés dans les semaines à venir pour discuter des enjeux de l’éducation.
Deux grands dossiers en suspens
Cette situation d’incertitude a des répercussions concrètes sur la vie des classes, laissant la communauté éducative dans l’attente. Deux grands chantiers, initialement prévus pour cette rentrée, ont été mis en suspens : les nouveaux programmes de mathématiques et de français, ainsi que la certification des manuels scolaires.
Néanmoins, une nouveauté sera effective dès ce mois de septembre : des évaluations nationales pour toutes les classes. Auparavant, elles n’étaient requises qu’en CP, CE1 et CM1. Le SNUipp invite les enseignants à ne pas en faire passer. « Ces évaluations n’apportent rien de constructif aux enseignants, fait remarquer Guislaine David, et elles risquent surtout d’entraîner des injonctions qui restreindraient la liberté pédagogique. »
Grève prévue le 10 septembre
Le syndicat appelle également à une journée de grève, prévue pour le mardi 10 septembre, afin de contester ces évaluations nationales et, surtout, de réclamer une nouvelle politique éducative. « Les évaluations nationales constituent la pierre angulaire d’une politique éducative nuisible aux élèves, » dénonce la secrétaire générale du SNUipp.
Ces évaluations mettent l’accent sur certains aspects des compétences, au détriment de d’autres, selon le syndicat. Par exemple, dans le domaine de la lecture, la vitesse de lecture est évaluée, tandis que la compréhension du texte, qui est crucial pour progresser dans les autres matières, n’est pas prise en compte.