Une enquête a été lancée suite à la dénonciation effectuée par trois organisations, parmi lesquelles se trouve Anticor, concernant des accusations de « prise illégale d’intérêts, favoritisme, complicité et recel » visant le directeur général de Total, Patrick Pouyanné.
Le Parquet national financier (PNF) a décidé de ne pas donner suite à l’enquête préliminaire visant Patrick Pouyanné, le PDG de Total, pour des accusations de « prise illégale d’intérêts, favoritisme, complicité et recel ». Cette annonce a été faite le mardi 27 août, après qu’une requête ait été faite par 42mag.fr. L’enquête avait été initiée suite aux alertes de trois organisations, à savoir Greenpeace France, Anticor et La Sphinx. Celles-ci s’étaient élevées contre le projet d’installation d’un bâtiment du groupe pétrolier sur le campus de l’École polytechnique, projet finalement abandonné en 2022. Les associations reprochaient à Patrick Pouyanné, également membre du conseil d’administration de l’École polytechnique, d’avoir abusé de son statut pour faire approuver la construction d’un édifice de recherche pour son entreprise au sein de cette institution.
Les investigations du Parquet ont examiné une réunion du conseil d’administration qui s’est tenue le 20 avril 2020, au cours de laquelle Patrick Pouyanné était présent. En conséquence, le PNF a conclu que son intervention n’était pas considérée comme un « délit de prise illégale d’intérêts », en raison « du caractère très limité de sa contribution » et de « la transparence de son intervention ». Le PNF a souligné qu’il n’y avait « aucune ambiguïté quant à la position de M. Pouyanné au moment de sa prise de parole, celui-ci s’exprimant clairement en tant que PDG de Total ».
Pour étayer sa décision, le Parquet a également mentionné « la nécessité qu’un représentant de Total soit présent lors du conseil d’administration, afin d’éclairer les autres membres sur les différentes options qu’ils devaient considérer ». Il a également précisé que « les modalités de cette intervention avaient été fixées par le président du conseil d’administration de l’École », en ajoutant que Patrick Pouyanné n’a pas été impliqué dans les discussions ni les votes « relatifs au projet d’implantation » durant cette réunion.
Les associations expriment leur mécontentement face à la décision
Du côté des trois associations, Greenpeace France, Anticor et La Sphinx, un sentiment de déception s’exprime suite à la décision de classer sans suite leur plainte. Ces groupes, dont La Sphinx est constituée d’élèves et d’anciens élèves de l’École polytechnique, avouent être « extrêmement surpris » que le PNF ait estimé que les infractions signalées n’étaient pas suffisamment étayées à l’issue de l’enquête.
Les organisations ont déclaré « regretter qu’une affaire impliquant une personnalité aussi influente, une grande entreprise française, ainsi qu’une importante institution publique, n’ait pas conduit à la désignation d’un juge d’instruction indépendant du pouvoir exécutif. » Elles envisagent de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile afin qu’un juge d’instruction soit nommé pour examiner cette affaire.