Des violences d’une ampleur sans précédent se sont poursuivies dimanche au Royaume-Uni, marquées par des attaques visant au moins deux hôtels accueillant des demandeurs d’asile. Cela représente un véritable défi pour le Premier ministre, qui est à son poste depuis à peine un mois.
Keir Starmer se trouve face à une crise inattendue, mais il n’a pas l’intention de laisser les émeutiers prendre le contrôle de son pays. Le Royaume-Uni vit des violences sans précédent depuis plus de dix jours. La situation a été déclenchée par la tragique mort de trois petites filles dans une attaque à l’arme blanche à Southport le 29 juillet. En conséquence, des groupes anti-migrants se sont de nouveau rassemblés, notamment le 4 août dans plusieurs villes, s’attaquant aux forces de l’ordre ainsi qu’à au moins deux établissements accueillant des demandeurs d’asile.
A partir du début de la semaine, Keir Starmer a intensifié ses déclarations de fermeté. Dans un discours prononcé dimanche soir depuis Downing Street, illuminée en rose en mémoire des petites victimes, le leader du Parti travailliste a été très explicite. Il a assuré que les arrestations, les poursuites judiciaires et les jugements seraient menés rapidement par les forces police et la justice.
« Je vous promets que vous regretterez votre participation à ces manifestations, a-t-il déclaré, que ce soit de manière active ou en les soutenant via les réseaux sociaux. Nous avons été témoins d’attaques ciblées contre des communautés musulmanes, des mosquées profanées, de salut nazi dans les rues, des agressions contre la police, le tout accompagné d’un discours empreint de racisme. Donc non, je ne cacherai pas la vérité : ce sont clairement des actes de violence d’extrême droite. »
Stratégie de désinformation
Dans le viseur de Keir Starmer se trouve notamment l’English Defense League (EDL), fondée il y a quinze ans et associée au phénomène des hooligans, qui milite ouvertement en faveur d’une Angleterre blanche. Au cours des huit derniers jours, ce mouvement islamophobe a renforcé la haine et a largement contribué à la campagne de désinformation qui s’est propagée sur Internet.
Il est à noter que l’individu à l’origine de l’attaque n’est pas un demandeur d’asile comme le prétendent de nombreuses publications virales, mais plutôt un adolescent de 17 ans d’origine rwandaise souffrant de troubles autistiques.
Propagation de discours d’extrême droite
Sur le plan politique, la question se pose de savoir si Keir Starmer a les capacités nécessaires pour contrer l’extrême droite. Il est déjà vivement critiqué par le parti anti-immigration dirigé par Nigel Farage, qui l’accuse de laxisme concernant la police et les questions d’immigration, deux sujets qui ont marqué les récentes élections législatives.
En effet, lors de ce scrutin, Reform UK a enregistré un nombre record de 4 millions de voix (soit 14 % des votes), lui permettant ainsi d’entrer au Parlement avec cinq sièges. Durant le week-end, plusieurs de ses membres ont indiqué que plutôt que de s’attaquer à l’extrême droite, le gouvernement devrait plutôt chercher à comprendre le mécontentement et la crise sociale qui touchent la société britannique.
Certaines analyses indiquent que les émeutiers ont pu se sentir justifiés par la montée d’un discours anti-migrants qui prend de l’ampleur au sein de la classe politique, y compris dans le camp conservateur. Par exemple, Lee Anderson, un député désormais exclu du parti, a incité les personnes mécontentes à « aller se faire voir en France » alors que l’ancienne ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, utilisait des termes comme « invasion » pour décrire les flux migratoires. C’est à cette rhétorique que Keir Starmer devra s’opposer vigoureusement, et certains membres du Labour l’exhortent à agir rapidement.