Un individu prétend avoir observé une discussion qui soutient l’idée que le ministre du Travail aurait été tué en 1979, ce qui, d’après France Inter, pousse à reprendre les enquêtes.
En 2022, alors que le parquet de Versailles s’apprêtait à prononcer un non-lieu et que les enquêtes concernant l’affaire Boulin touchaient à leur fin, un témoin inattendu a émergé, relançant les investigations, selon les informations de France Inter le vendredi 6 septembre.
Cet individu affirme avoir été témoin d’une discussion confirmant la théorie de l’assassinat du ministre du Travail. Il rapporte que des membres du Service d’Action Civique (SAC) auraient mentionné un « accident ». Son témoignage, recueilli par France Inter, a été considéré comme suffisamment crédible pour réexaminer l’affaire.
Dans les années 1970, ce témoin fréquentait le club libertin Roi René, situé dans les Yvelines. Il y fit la connaissance d’un homme qu’il identifie comme Pierre Debizet, alors chef du SAC, organisation considérée comme la police secrète du RPR. « Quelques jours après la mort du ministre, il m’a invité à trinquer avec lui », raconte-t-il. Il se souvient que deux autres membres du SAC étaient présents : « Je me souviens de leur avoir été présentés comme tel ».
Sur place, les individus « ont célébré en buvant du champagne après avoir récupéré des documents compromettants, d’après ce qu’ils se disaient ». Toujours selon le témoin, « cela a fâché Pierre Debizet qui leur a rétorqué ‘oui, mais vous l’avez tué [alors que] le patron, c’est-à-dire Pasqua, avait ordonné de seulement lui faire peur’ ».
L’enquête rouverte en 2015
Le témoin poursuit en citant le chef du commando qui aurait avoué à Debizet : « C’était accidentel, il a eu un malaise cardiaque, il est mort entre nos mains et, dans la panique, nous l’avons jeté dans l’étang de Montfort-l’Amaury ». Il précise que les hommes n’ont « pas directement mentionné le nom de Boulin », mais qu’il a fait le lien dans les jours qui ont suivi.
Concernant son long silence, il l’explique par le fait que « le club était sous la protection du procureur de l’époque, qui menait l’enquête sur l’affaire Boulin. La proximité de ce procureur avec les membres du SAC au sein du club m’a à l’époque incité à être extrêmement prudent ».
Après plus de quatre décennies de silence, ce témoin a été entendu à plusieurs reprises par les gendarmes au cours des deux dernières années, ainsi que par la juge d’instruction chargée du dossier. Il affirme être « au crépuscule de [sa] vie » et que ce témoignage, « [il] le devait à la famille Boulin ».
En 1979, Robert Boulin, alors ministre du Travail, a été retrouvé sans vie dans un étang de la forêt de Rambouillet. Ce gaulliste venait juste d’être mis en cause concernant les conditions d’achat d’une parcelle de terrain à Ramatuelle, dans le Var, une affaire dont il comptait se défendre. La version officielle évoque un suicide, une thèse que sa famille rejette avec vigueur, soutenant qu’il a été assassiné. L’enquête a été rouverte en 2015, suite à une nouvelle plainte déposée par la fille de Robert Boulin.