Le nom de celui qui a été Premier ministre sous François Hollande est particulièrement refusé par La France insoumise et les écologistes.
Pourrait-il redevenir Premier ministre, près de huit ans après avoir occupé ce poste à la fin du mandat Hollande ? Bernard Cazeneuve, dont le nom circule de manière insistante ces derniers jours, sera reçu le lundi 2 septembre à l’Élysée par Emmanuel Macron. Deux mois après le second tour des élections législatives, le président continue de chercher celui qui prendra la tête de Matignon. L’ancien ministre de l’Intérieur semble être le favori, alors que le camp macroniste a déjà convenu que le futur chef du gouvernement ne pourra pas être issu de leurs rangs. Toutefois, le profil de Bernard Cazeneuve, ancien socialiste ayant quitté le PS en 2022 en raison de son opposition à l’alliance avec La France insoumise (LFI) à travers la Nupes, est mal perçu à gauche.
Pour le moment, le Parti socialiste, La France insoumise, les écologistes et le Parti communiste soutiennent officiellement la candidature de Lucie Castets à Matignon. Cependant, cette haute-fonctionnaire de 37 ans a été écartée par Emmanuel Macron lundi, au nom de la soi-disant « stabilité institutionnelle ». « Bernard Cazeneuve n’a le soutien d’aucun des quatre partis de gauche, » a déclaré Manuel Bompard, coordinateur de LFI, dimanche sur BFMTV. « Nous censurerons tout gouvernement autre que celui de Lucie Castets », a-t-il martelé.
Un visage de l’ère Hollande rejeté par les écologistes et LFI
Bernard Cazeneuve, symbole de l’ère Hollande, suscite une grande opposition au sein de la gauche. Sa loi de 2017 sur l’usage des armes à feu par les policiers, a été tenue responsable par certains pour la mort du jeune Nahel à Nanterre l’année passée.
Les écologistes lui reprochent, entre autres, la mort de Rémi Fraisse lors des affrontements sur le barrage de Sivens (Tarn) en 2014, où Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, n’a pas écouté les mises en garde de son collègue, la ministre de l’Écologie de l’époque, Ségolène Royal, qui a rappelé cet épisode sur RTL dimanche. « Nous avons été nombreux à lui dire que le barrage de Sivens n’était pas légal, que ça allait mal finir, » a-t-elle déclaré en critiquant la « pensée rigide » de l’ancien ministre.
Du coté de La France insoumise, le simple fait que Bernard Cazeneuve ait été ministre sous Hollande est mal vu, surtout compte tenu de sa collaboration avec Emmanuel Macron. « La présidence de François Hollande a causé tant de tort à la gauche ces dernières années, » a souligné la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, sur franceinfo vendredi, ajoutant qu’« on a voulu faire croire que gauche et droite, c’était pareil. »
Les socialistes, pour leur part, sont moins unanimes que leurs alliés du Nouveau Front populaire (NFP) et ont exposé leurs divisions
Jean-Luc Mélenchon, dans un post de blog publié jeudi, a souligné que la nomination de Bernard Cazeneuve causerait des turbulences au sein des députés du PS et, par extension, affaiblirait le NFP. Samedi, Clémentine Autain, une autre voix dissonante, a critiqué depuis Blois ceux qui accepteraient de devenir Premier ministre sans accord préalable du NFP, soulignant que cela entraînerait une crise au sein du PS.