Patrick Beaudouin, qui est à la tête de la Ligue des droits de l’Homme, a exprimé son avis sur 42mag.fr ce lundi, suite aux déclarations du ministre de l’Intérieur concernant le respect de l’Etat de droit.
« C’est stupéfiant, désastreux et vraiment très inquiétant, » a déclaré Patrick Beaudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), lundi 30 septembre sur 42mag.fr, en réaction aux commentaires de Bruno Retailleau concernant l’État de droit. Le nouveau ministre de l’Intérieur estime que l’État de droit n’est « ni intangible, ni sacré » et qu’il se compose d’un « ensemble de règles, une hiérarchie des normes, un contrôle juridictionnel, et une séparation des pouvoirs, mais [que] la source de l’État de droit, c’est la démocratie, c’est le peuple souverain ».
Pour Patrick Beaudouin, « ce qui me choque le plus, c’est la remise en cause de la notion d’État de droit, car ce dernier caractérise les régimes démocratiques, par opposition aux régimes autoritaires désormais appelés ultralibéraux. C’est même ce qui les distingue de la dictature, car une dictature rejette l’État de droit ». Selon lui, « c’est ce qui différencie une dictature d’un État respectueux des lois, des droits des citoyens qu’il protège et qui garantit les principes d’égalité, de liberté et de fraternité. C’est un socle absolument essentiel si nous voulons continuer à vivre dans un pays qui incarne ces valeurs », insiste-t-il.
« Notre société est déjà sous tension permanente »
Le ministre de l’Intérieur a également exprimé des positions fermes sur l’immigration, se déclarant favorable à un référendum ou au retour de la double peine. « Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas un certain contrôle de l’immigration », reconnaît Patrick Beaudouin, « mais tenir des discours aussi polarisants, suggérant que l’immigration n’est pas une chance et remettant en question l’État de droit dans un contexte où notre société est déjà sous tension permanente, c’est extrêmement dangereux et cela ne mène à rien ». Il ajoute : « Essayons d’aborder les problèmes existants de manière lucide et de les résoudre, non pas par des accusations catégoriques et des formules démagogiques, mais avec un raisonnement véritable ».
Pour le président de la LDH, « le discours de Bruno Retailleau n’est ni plus ni moins que celui du RN », notant que les dirigeants du parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen s’en sont « réjouis très rapidement ». Bruno Retailleau « s’inscrit véritablement dans cette logique d’extrême droite qui ne peut que mener au pire ».