Chaque jour, Élodie Suigo accueille une personnalité dans son univers. Ce lundi 2 septembre 2024, c’est la comédienne et cinéaste Charlotte de Turckheim qui se joint à elle. Depuis le mercredi 28 août, Charlotte brille à l’écran dans le film « Fêlés » réalisé par Christophe Duthuron, partageant l’affiche avec Bernard Lecoq et Pierre Richard.
Charlotte de Turckheim, connue en tant qu’actrice, a débuté sa carrière sur les planches grâce à une rencontre marquante avec Coluche, qui a écrit et produit son premier spectacle solo. Son lien avec le public s’est d’abord établi au théâtre avec son premier one woman show, Une journée chez ma mère. Par la suite, elle a continué au cinéma, où elle s’est fait connaître par des rôles dans des comédies telles que La Croisière de Pascale Pouzadoux (2011) et Avis de mistral de Roselyne Bosch aux côtés de Jean Reno.
Depuis le mercredi 28 août, Charlotte de Turckheim est à l’affiche de Fêlés, réalisé par Christophe Duthuron. Elle partage l’écran avec Bernard Lecoq et Pierre Richard. Cette comédie s’inspire d’une histoire vraie, celle des membres du Foyer Arc-en-ciel, une association de Marmande, dans le Lot-et-Garonne. Les résidents du foyer sont des individus psychologiquement fragiles, trop autonomes pour être institutionnalisés mais trop vulnérables pour vivre seuls.
franceinfo : Ce film ne dégage-t-il pas avant tout un message d’espoir ?
Charlotte de Turckheim : Ce que je trouve remarquable dans ce film, c’est que les « fêlés » ne sont pas simplement observés cliniquement. Nous sommes tous concernés. L’important, c’est de se dire : « Et si, un jour, je ne vais pas bien, je trouverai compréhension, soutien et accompagnement« . Cependant, il est crucial de soigner différemment les personnes souffrant de troubles psychiatriques graves.
Le film évoque aussi la transmission entre générations. Cela fait écho à votre propre parcours, non ?
Le milieu du spectacle, c’est ça. Mes amis et voisins incluent des personnalités comme Jamel Debbouze et Mélissa Theuriau. Comment une fille du 16ᵉ arrondissement pourrait-elle rencontrer quelqu’un comme Jamel, venant de Trappes ? La force de notre métier réside dans ces rencontres, dans cette absence de jugement, et dans ce grand mélange de personnes issues d’horizons variés.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir actrice ?
« Je voulais surtout échapper à une vie tracée d’avance et explorer des choses plus aventureuses et amusantes. »
Charlotte de Turckheimà franceinfo
Je ne me destinais pas à ce métier. Un ami m’a entraînée dans un cours de théâtre, le cours Simon. La directrice, Rosine Margat, m’a vue souvent venir et m’a demandé: « Tu veux être actrice ? » J’ai répondu non. Elle m’a fait monter sur scène pour réciter une fable de La Fontaine, puis m’a dit que j’avais bien raison de ne pas vouloir être actrice car je serais « aussi ennuyeuse qu’un bonnet de nuit ». Elle l’a sûrement dit pour me provoquer. Je suis descendue de la scène, déterminée à prouver le contraire. Trois ans plus tard, j’intégrais une troupe.
L’amour et la famille ont toujours été centraux dans votre vie. Votre père a vécu Mai 68 à sa manière, quittant tout pour l’Afghanistan à 40 ans.
Et comme par hasard, à 50 ans, je me marie avec un Afghan ! Mon père, élevant ses enfants de manière très conventionnelle et bourgeoise, nous a soudainement dit : « Je me suis trompé, faites ce que vous voulez, vivez votre vie« , avant de partir avec sa maîtresse en Afghanistan. Ce revirement a été une grande source de confusion pour nous, mais aussi une ouverture incroyable sur le monde. C’était une grande leçon de tolérance et d’ouverture.
Votre film traite de la solitude, une force puissante dans l’histoire, n’est-ce pas ?
La solitude peut être terrifiante. On la ressent profondément.
« Lors de moments difficiles, nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes. Mais dès qu’on vient nous chercher, qu’on nous tend la main, on réalise à quel point cela fait du bien. »
Charlotte de Turckheimà franceinfo
Un amour particulier pour le théâtre et le spectacle ?
S’il y a bien quelque chose qui me tient à cœur, c’est le théâtre, et plus précisément faire rire les gens. Voir les spectateurs rire aux éclats, venir me remercier en disant qu’ils ont passé un bon moment malgré leurs soucis, c’est pour moi la plus grande joie. Même en famille, je ressens ce besoin irrépressible de faire le clown, de transformer la tristesse en joie. C’est un don, vraiment, un don du ciel.