La conclusion de la 17e édition du Festival du film d’Angoulême a démontré que le cinéma en France profite d’une belle vitalité pendant la période estivale. Cette édition a été marquée par une forte affluence, avec un engouement particulier des spectateurs et des professionnels pour des œuvres centrées sur des thèmes jeunes et émouvants.
Le Festival du film francophone d’Angoulême met en avant la jeunesse depuis plusieurs années au début de la saison cinématographique. Cette année, pour sa 17e édition qui vient de se terminer, le festival a couronné la jeune réalisatrice Louise Courvoisier. Originaire de Franche-Comté, elle a remporté à la fois le Valois de diamant et le Valois des étudiants francophones pour son film Vingt Dieux. Ce prix célèbre une nouvelle génération, présente tant devant que derrière la caméra. Le film de Courvoisier raconte l’histoire de Totone, un garçon de 18 ans qui se lance, avec ses amis, dans l’ambition de produire le meilleur comté du Jura dans le cadre d’un concours agricole avec une récompense de 30 000 euros, une somme qui pourrait l’aider à prendre soin de sa petite sœur.
Dominique Besnehard, co-délégué général du festival, évoque la question de la jeunesse comme un thème central de cette vitrine du cinéma français, composée d’une quarantaine de films présentés aux spectateurs d’Angoulême. Il souligne que cette jeunesse, comme dans Vingt Dieux et Lads (riche de la prestation de Marco Luraschi, primé Valois de l’acteur), cherche à accomplir ses rêves. Presidé par Xavier Dolan, le jury de la sélection Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes a également récompensé Vingt Dieux pour la même raison.
Une saison estivale florissante
Ce succès se reflète aussi dans les chiffres de fréquentation du festival, avec 62 000 billets vendus cette année, contre 58 000 l’année précédente. Une augmentation qui s’inscrit dans une tendance plus large du cinéma français, qui a connu une affluence record durant l’été 2024, avec 46,19 millions d’entrées contre 43,95 millions en 2023. Cette affluence est attribuée à une programmation instinctive mêlant comédies et thrillers, selon un communiqué du Centre national du cinéma et de l’image animée.
Le cinéma français bénéficie d’une grande diversité de films, allant des œuvres d’auteur aux productions grand public et familiales comme Le Comte de Monte-Cristo, Un p’tit truc en plus, Emilia Pérez et Golo & Ritchie. Cette variété, combinée au retour des grands blockbusters américains tels que Vice-Versa 2, Moi, moche et méchant 4 et Deadpool & Wolverine après un début d’année morose, a dynamisé les salles de cinéma tout l’été. Ainsi, au cours des huit premiers mois de l’année, le cinéma français représentait 44,1 % de part de marché contre 38,8 % pour les films américains. Un p’tit truc en plus a dépassé les 10 millions d’entrées et Le Comte de Monte-Cristo les 7 millions.
« Le cinéma français est en pleine forme », déclare Dominique Besnehard. « Après la Covid, les discours étaient très négatifs, mais le cinéma français prouve qu’il est vivant et diversifié, avec un afflux de jeunes réalisateurs et producteurs », ajoute-t-il, mettant également en exergue la place croissante des femmes dans le cinéma.
Les contributions des réalisatrices
Le Festival d’Angoulême, devenu une plateforme importante pour les femmes cinéastes, comptait cette année quatre films réalisés par des femmes sur les dix en compétition. Parmi eux, Rabia de Mareike Engelhardt, qui sera en salles le 27 novembre, aborde le parcours de deux jeunes Françaises influencées par la rhétorique djihadiste. Un autre film notable est Le procès du chien de Laetitia Dosch, qui sortira le 11 septembre et met en scène Jean-Pascal Zadi et François Damiens, et a remporté le Valois du scénario.
Marie-France Brière, cofondatrice du festival, exprime son agacement face aux débats sur la parité, affirmant que le festival qu’elle dirige avec Dominique Besnehard prône la parité depuis ses débuts. Marie Carrot, coordinatrice de la programmation, souligne que de plus en plus de réalisatrices réalisent des films bien financés et bien distribués, offrant de nouveaux regards et de nouveaux sujets.
En outre, le prix du public a été décerné au film A Bicyclette ! de Mathias Mlekuz, qui raconte le voyage de trois amis en deuil à vélo vers Istanbul. Ce prix reflète un coup de cœur pour Dominique Besnehard et un succès auprès des spectateurs Angoumoisins, tels qu’Agathe, habituée du festival, qui place ce film dans son top des 16 films vus pendant la semaine. Depuis la création du festival, elle apprécie l’expérience riche en émotions offertes par le FFA.
Des films émotionnels et marquants
Les organisateurs du festival avaient l’espoir que le film A Bicyclette ! trouverait un distributeur. Maintenant paré de plusieurs distinctions, dont le Valois de la mise en scène et celui de la musique, le film bénéficie de solides arguments pour sa sortie en salles. Les spectateurs ont également apprécié les avant-premières présentées par des stars telles que La Vallée des fous de Xavier Beauvois avec Jean-Paul Rouve et Pierre Richard, et Prodigieuses de Frédéric et Valentin Potier.
Le festival a aussi été marqué par des films d’ouverture et de clôture très appréciés, comme Les Barbares de Julie Delpy et Sarah Bernhardt, La Divine de Gillaume Nicloux, respectivement. Cette diversité de films a rempli toutes les salles du CGR d’Angoulême, comptant plus de 1300 places au total cette année.
Pour Marie Carrot, il est crucial d’offrir des films aux budgets variés. Si les avant-premières présentent généralement des budgets plus conséquents, la majorité de la programmation concerne des films dont le budget ne dépasse pas 4 millions d’euros. Un chiffre correspondant aux films d’auteur ou de taille moyenne, selon Dominique Besnehard.
Marie Carrot conclut en rappelant que le Festival d’Angoulême espère donner le ton pour l’avenir du cinéma français. Elle exprime l’espoir que les films primés et ceux ayant reçu un bon accueil lors du festival attireront un large public après leur sortie en salle, une tendance généralement observée après chaque édition du FFA.