Au cours de cette semaine, les parlementaires ont modifié la législation afin de sanctionner non seulement les personnes impliquées dans la création de contenus pornographiques, mais également celles qui en font le visionnage.
Les députés sud-coréens se sont lancé, jeudi 26 septembre, dans la lutte contre les deepfakes pornographiques, des montages numériques sophistiqués où des fauteurs de troubles manipulent des images ou vidéos de nature sexuelle. En Corée du Sud, cela a pris les proportions d’une quasi-crise nationale. Des protestations ont lieu à Séoul, le gouvernement est en état d’alerte, et la police a entamé des opérations massives de perquisitions et d’arrestations. Les autorités sont bien décidées à éradiquer cette vague de deepfakes pornographiques.
Pour créer ces deepfakes, certains utilisent les capacités informatiques des plateformes d’intelligence artificielle pour modifier des vidéos. Ils prennent l’image du visage d’une camarade de classe, d’une collègue ou d’une ex-petite amie et l’intègrent dans des scènes pornographiques. C’est relativement simple. Un ordinateur suffisamment puissant suffit. Par la suite, ces individus partagent ces images truquées sur les réseaux sociaux, tels que Telegram, pour s’amuser, se venger ou gagner de l’argent. Depuis le début de l’année 2024, la police sud-coréenne a conduit des enquêtes sur plus de 800 vidéos deepfakes illégales, mais des milliers de jeunes femmes coréennes affirment en être les victimes. Dans de nombreux cas, il s’agit d’adolescentes piégées par des camarades de classe de sexe masculin.
35 000 euros d’amende et jusqu’à sept ans de prison
Les législateurs coréens souhaitent durcir la législation pour décourager les hommes qui se servent de ces vidéos. En premier lieu, les parlementaires ont décidé, jeudi 26 septembre, de renforcer les peines pour ceux qui produisent ces deepfakes à caractère sexuel avec l’intention de les diffuser. Désormais, en cas d’arrestation, ils risquent une amende de 50 millions de wons, soit environ 35 000 euros, et surtout une peine maximale de sept ans de prison. Les peines seront particulièrement sévères si les victimes sont mineures.
Les individus qui achètent, téléchargent ou simplement regardent ces images, en ayant conscience qu’elles sont truquées, seront également répréhensibles. Le législateur prévoit pour eux une amende de 20 000 euros et une peine d’incarcération pouvant aller jusqu’à trois ans. Là encore, les sanctions les plus sévères seront appliquées si les deepfakes concernent des mineures.
D’autres pays, comme la France, commencent également à pénaliser la production de deepfakes. Cependant, la Corée du Sud adopte une approche beaucoup plus stricte. Elle est l’une des premières nations à instaurer des sanctions contre les spectateurs de ces vidéos. Le défi désormais sera de mettre en œuvre cette législation de manière efficace.