Le cinquantième Festival du cinéma américain de Deauville, dont l’ouverture est prévue pour vendredi, prévoit l’arrivée de nombreuses célébrités et aspire à oublier les controverses qui ont marqué l’été.
« Nous allons jeter un coup d’œil en arrière tout en nous projetant vers l’avant », a déclaré le mardi 3 septembre à l’AFP, Aude Hesbert, la nouvelle directrice du festival qui se déroulera cette année du 6 au 15 septembre. Une référence aux troubles récents de l’été, notamment lorsqu’à la fin du mois d’août, la controverse a éclaté au sujet de l’éviction du jury du trompettiste Ibrahim Maalouf en lien avec le mouvement #metoo. Au même moment, on a appris que, mi-juillet, la réalisatrice Maïwenn, qui devait initialement présider le jury, avait été écartée au profit de l’acteur Benoît Magimel. Aude Hesbert a pris ses fonctions le 22 juillet, remplaçant Bruno Barde, qui avait été démis de ses fonctions durant l’été après avoir été accusé d’agressions sexuelles par Mediapart. Ces choix, « nécessaires mais difficiles, seront assumés jusqu’au bout ».
Désormais, le festival se concentre sur l’avenir. « La transmission est le thème central de cette édition », a expliqué Aude Hesbert, qui était déjà directrice adjointe du festival de 2018 à 2023 avant de passer un an aux États-Unis, où elle a « mieux compris la société américaine, sa francophilie, et leurs méthodes de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ».
Une majorité de premiers films, de grands cinéastes et 50 classiques
« Parmi les douze films en compétition, huit sont les premières œuvres de leurs réalisateurs », a précisé Aude Hesbert, « ce qui témoigne de notre confiance en l’avenir ». En dehors de la compétition, des réalisateurs éminents seront présents à Deauville pour défendre leurs films. Francis F. Coppola viendra présenter son Megalopolis, qui avait été présenté à Cannes. Sean Baker est attendu avec Anora, Palme d’or 2024 à Cannes, Paolo Sorrentino avec Parthenope, et Tim Burton avec Beetlejuice Beetlejuice. En ce qui concerne les films en compétition, le palmarès de cette 50e édition sera annoncé le samedi 14 septembre. D’ici là, le festival proposera de voir ou revoir une sélection de 50 films américains qui ont « changé notre perspective », parmi lesquels Mulholland Drive, Taxi Driver et Le Parrain.
Des hommages, distinctions et rencontres
Plusieurs figures emblématiques du cinéma seront honorées à Deauville, où un hommage leur sera rendu et, dans certains cas, un prix honorifique sera remis. Parmi eux, l’acteur Michael Douglas, les actrices Natalie Portman et Michelle Williams (chacune recevra un Deauville Talent Award), ainsi que le réalisateur James Gray (The Yards, La Nuit nous appartient, Two Lovers…), dont la projection de son premier film Little Odessa en 1994 à Deauville avait marqué les mémoires. Une rencontre avec le public est également prévue. Le réalisateur français Christophe Honoré aura aussi l’occasion de discuter avec le public de sa vision du cinéma américain et de ses coups de cœur.
Un hommage sera également rendu au réalisateur et documentariste Frederick Wiseman, 94 ans, reconnu pour ses portraits détaillés de nos sociétés occidentales.
Un nouveau cinéma, de nouveaux acteurs à l’honneur
Outre les nombreux hommages et projections, cette édition du festival mettra également en lumière de nouveaux talents et des acteurs émergents. Aude Hesbert a souligné que cette volonté de mettre en avant le renouveau et l’innovation dans le cinéma est au cœur de l’événement de cette année. Cette orientation féministe et renouvelée du festival vise à offrir une plate-forme aux voix émergentes tout en honorant les contributions emblématiques des figures établies du cinéma.