La majorité des députés du groupe Renaissance n’ont toujours pas digéré la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée cet été, conduisant ainsi à une cohabitation gouvernementale. Cependant, au-delà d’un mouvement de rébellion structuré, Emmanuel Macron pourrait davantage craindre un manque de discipline et une érosion progressive de la cohésion au sein de son propre parti.
Les journées parlementaires du groupe Ensemble pour la République débutent ce mardi 10 septembre près de Paris, avec une équipe qui commence à s’émanciper d’Emmanuel Macron. C’est une nouvelle forme de cohabitation qui s’annonce pour le président. Celle que vont lui imposer les députés encore présents dans son camp. La majorité d’entre eux lui reprochent de les avoir menés droit dans le mur avec une dissolution qu’ils jugent suicidaire, et ils sont persuadés d’avoir sauvé leur siège non grâce à Macron, mais en dépit de lui. Gabriel Attal, pour avoir durement travaillé durant la campagne et finalement réussi à limiter les dégâts, est l’un des rares à bénéficier de leur indulgence. En conséquence, il a rapidement pris le contrôle de ce groupe de 99 députés et envisage même de prendre les rênes du parti à la fin de l’année 2024.
Michel Barnier pourrait pâtir de cette nouvelle cohabitation. On pouvait s’en douter à la froideur de l’accueil que lui a réservé Renaissance dans un communiqué succinct : « Pas de censure automatique, mais des exigences sur le fond, sans chèque en blanc », a affirmé le parti créé par… Emmanuel Macron. « Ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel », a ajouté Gabriel Attal dans un message adressé aux députés de son groupe. Michel Barnier rencontrera ces députés ce mardi soir. Une rencontre destinée à apaiser les tensions et à trouver une sorte de modus vivendi. Toutefois, du côté de Gabriel Attal, il semble y avoir aussi une part de mise en scène et de démonstration de force.
Des élus soucieux de leur avenir
Des ministres de Renaissance seront présents au sein du gouvernement, et Gabriel Attal est obligé de soutenir son successeur. Il est mécontent, ce que l’on a encore pu observer lors de son discours fleuve teinté de narcissisme lors de la passation de pouvoir à Matignon. Ses relations avec Emmanuel Macron sont désormais inexistantes, mais il ne peut pas se permettre d’être celui qui fera chuter le gouvernement sous peine de porter la responsabilité d’une trahison qui pourrait précipiter la fin du mandat présidentiel de Macron. Il doit également faire face à Édouard Philippe, qui se déclare déjà prêt pour une élection présidentielle anticipée. En réalité, plus qu’une révolte organisée, le chef de l’État doit craindre l’indiscipline et la fragmentation de son camp, selon les textes présentés par le gouvernement Barnier. Les députés jouent désormais leur propre jeu. La « start-up nation » s’est transformée en une multitude de travailleurs indépendants. Des élus davantage préoccupés par leur survie en cas de dissolution l’an prochain que par l’avenir de leur ancien chef. Bref, des députés qui se projettent déjà dans l’après-Macron.