Mardi soir, dans un entretien avec « Le Point », le chef du parti Horizons a révélé qu’il se présente pour l’élection présidentielle de 2027. Cette annonce survient alors qu’il n’y a pas encore de formation d’un nouveau gouvernement.
Tandis que la France continue ses discussions pour trouver un nouveau Premier ministre, après plusieurs jours de consultations politiques, Edouard Philippe a officialisé dans la soirée du mardi 3 septembre son intention de se présenter à l’élection présidentielle. L’ancien chef du gouvernement et actuel maire du Havre a fait cette annonce au cours d’une interview accordée au magazine Le Point.
« Je me présenterai à la prochaine élection présidentielle, » a affirmé Edouard Philippe, mettant fin à une rumeur persistante qui courait depuis son départ de Matignon en 2020, suivi par la création de son propre parti politique. Depuis ce temps, il disait « se préparer » loin de l’attention médiatique.
Ce qui intrigue, par contre, c’est sa réponse à une autre question : « Êtes-vous prêt en cas d’élection présidentielle anticipée ? ». « Je vous le confirme, » a-t-il répondu sans détour. Cette déclaration est surprenante au vu des nombreuses demandes de démission d’Emmanuel Macron provenant de la gauche et de l’initiative de la France insoumise pour une procédure de destitution. Edouard Philippe semble ainsi anticiper un départ prématuré du président actuel, en se déclarant prêt à prendre sa place à l’Élysée.
Réagissant aux critiques sur son absence aux dernières élections législatives, le maire du Havre a répliqué : « Je préfère agir et faire » dans ma ville plutôt que « parler à Paris ». Il désire ainsi « créer son espace politique » et « proposer des choses aux Français ». Il promet que « ce qu’il proposera sera important », mentionnant l’éducation, l’écologie et la sécurité, bien qu’il n’ait pas fourni de détails concrets.
Un moment jugé « peu opportun »
Le moment choisi pour cette annonce électorale a étonné, même parmi les membres de l’ex-majorité présidentielle. Seuls les élus du parti Horizons saluent une « clarification » en ces temps de « confusion politique ».
Les réactions dans le parti Renaissance sont différentes : « Le timing est assez surprenant, je ne me l’explique pas vraiment, » a reconnu un député de premier plan. François Patriat, sénateur Renaissances, a jugé le moment « pas opportun ».
« Edouard Philippe agit de manière individualiste alors que l’urgence est de trouver de la stabilité. »
François Patriat, sénateur Renaissanceà franceinfo
L’annonce de cette candidature a été qualifiée d’« indécente, alors que la France est en crise », par Edwige Diaz, députée RN, sur France Bleu Limousin le mercredi 4 septembre. « Je trouve cette annonce déplacée en cette période de crise provoquée par Emmanuel Macron, et voilà quelqu’un qui vient nous parler de ses ambitions personnelles, » a critiqué la vice-présidente du Rassemblement national.
Pour résumer le mandat de l’ancien Premier ministre, la députée RN de Gironde et conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine a déclaré : « Quand je pense à Edouard Philippe, je pense à la réforme des retraites, aux 80 km/h, à la taxe sur les carburants, aux gilets jaunes. Évidemment, je ne souhaite pas qu’Edouard Philippe devienne le prochain président de la République. Je veux que Marine Le Pen soit la prochaine présidente de la République. »
« Indécent au mieux, insultant au pire pour les Français »
A gauche, les critiques sont également virulentes. Sandrine Rousseau, écologiste, estime que l’ancien Premier ministre « ne pense qu’à lui », alors que l’insoumise Aurélie Trouvé juge cette annonce « indécente au mieux, insultante au pire pour les Français », car selon elle, Edouard Philippe « ne cherche qu’à perpétuer et à aggraver » la politique d’Emmanuel Macron.
Du côté des partenaires sociaux, la nouvelle est perçue comme « complexe » dans le contexte politique actuel, selon Marylise Léon de la CFDT. La secrétaire générale du syndicat estime que Edouard Philippe « joue sa carte politique » avec la perspective de l’élection présidentielle de 2027, mais que cette annonce « ajoute à la confusion sans répondre aux attentes des travailleurs et des travailleuses« . « Leurs besoins ne sont pas pour 2027, mais bien pour tout de suite. Il est plus urgent que jamais d’avoir déjà un Premier ministre pour conduire les réformes et répondre aux attentes sociales« , a-t-elle conclu sur franceinfo.