L’émission « Micro européen » se penche sur les élections législatives prévues pour le dimanche 29 septembre, en compagnie de Danny Leder, un journaliste autrichien basé à Paris.
Comme l’a souligné notre collègue Sébastien Baer ce matin sur 42mag.fr, à quelques heures des élections législatives en Autriche prévues pour ce dimanche 29 septembre 2024, l’extrême droite semble en position de force. Décryptage avec Danny Leder, journaliste et correspondant autrichien à Paris, dans l’émission Micro européen.
42mag.fr : Le président de la république en Autriche est Alexander Van der Bellen, membre des Verts, tandis que le chancelier Karl Nehammer appartient à l’ÖVP, parti chrétien-démocrate, libéral et conservateur. Quelles sont les prévisions pour cette élection ?
Danny Leder : Les sondages indiquent que le FPÖ, parti d’extrême droite dirigé par un leader assez radical nommé Herbert Kickl, devrait arriver en tête avec environ 27% des voix. Cela lui donnerait une majorité relative. Le parti que vous mentionnez, l’ÖVP, est crédité d’environ 25% des intentions de vote. Actuellement, l’Autriche est gouvernée par une coalition menée par l’ÖVP et les Verts de centre-gauche, mais le chancelier actuel, Karl Nehammer, est perçu comme assez terne.
Puis, les sociaux-démocrates du SPÖ devraient obtenir jusqu’à 21% des voix, ce qui confère à l’extrême droite une position favorable. Toutefois, le système parlementaire autrichien repose sur une proportionnelle presque intégrale. Ainsi, avec ses 27%, le FPÖ ne pourrait pas gouverner seul et aurait besoin d’un partenaire de coalition, une tâche qui s’annonce cette fois-ci particulièrement ardue.
Nous n’avons pas encore abordé les deux autres partis, à savoir les Verts de Werner Kogler et le NEOS de Beate Meinl-Reisinger, les libéraux. Quelle est leur situation ?
Ils sont tous deux crédités de 9 à 10 % des intentions de vote. Ces partis du centre-gauche, qui ont des similarités, pourraient jouer un rôle crucial. Si les conservateurs décident de ne pas s’allier avec l’extrême droite, la seule solution viable pour obtenir une majorité parlementaire stable et contrer l’extrême droite serait une coalition à trois. Cela pourrait inclure les conservateurs, les sociaux-démocrates, et un troisième parti, possiblement les NEOS ou les Verts.
Cependant, le contre-exemple allemand pourrait dissuader une telle configuration. Actuellement, la coalition à trois en Allemagne donne une image de paralysie, ce qui est important à considérer à l’échelle européenne. Si l’ÖVP décidait de faire alliance avec le FPÖ…
Le FPÖ, est-ce bien le parti nationaliste ?
Oui, exactement. Si Herbert Kickl devenait chancelier, cela pourrait créer un axe nationaliste s’étendant de la Hongrie de Viktor Orban, à la Slovaquie, et éventuellement à l’Autriche, avec une proximité géographique et politique avec l’Italie de Meloni.
« Cela pourrait paralyser toutes les initiatives communes importantes de l’Union européenne, ce qui pourrait effectivement diviser l’Union européenne en deux. »
Danny LederCorrespondant autrichien à Paris