Plutôt que de faire une annonce comme cela était prévu plus tôt dans la journée, l’Élysée a décidé de ne pas communiquer ce mercredi soir, et cela, bien que presque deux mois se soient écoulés depuis le second tour des élections législatives. Pourtant, tout semblait être prêt et finalisé.
On pourrait penser que la situation revient à zéro, 51 jours après la démission de Gabriel Attal. D’après son entourage, Emmanuel Macron semblait être en mesure, le mercredi 4 septembre, de trancher entre Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve pour le rôle de Premier ministre. Cependant, le Président de la République n’a pas réussi à officialiser sa décision.
L’exécutif paraît plus perdu que jamais. Un proche de l’Élysée résume la situation de manière brutale : « Emmanuel Macron est dans une voie sans issue. Cette fois, il ne relance pas des consultations… Il se replonge dans ses réflexions« .
Mardi, Emmanuel Macron contacte Gérard Larcher
Faisons un saut en arrière. Mardi 3 septembre, tout semblait pourtant bien engagé selon un parlementaire bien informé : Emmanuel Macron avait alors appelé Gérard Larcher, le président du Sénat, pour lui annoncer… qu’il allait nommer Xavier Bertrand le lendemain matin. Le même soir, Bernard Cazeneuve, selon la même source, confiait à un ami qu’il savait que ce ne serait pas lui.
Mercredi 4 septembre, le Président n’avait donc plus qu’à faire son choix, affirmait le cercle rapproché de Macron, en soulignant que les deux candidats restaient sur un pied d’égalité. L’exécutif se réjouissait de voir le « jeu s’ouvrir » et le « mécanisme de décantation fonctionner« . Néanmoins, le Chef de l’État souhaitait encore confronter les différentes perspectives. Les heures passent et, en soirée, l’Élysée confirme que rien ne sera annoncé officiellement.
Le verdict d’un ministre démissionnaire est sans appel : « Ni Bertrand ni Cazeneuve ne résistent à une censure« . L’Élysée a dû admettre l’évidence : l’option Xavier Bertrand n’était pas viable, arithmétiquement parlant. Face à Bertrand, il y a le Rassemblement National, les Socialistes, les Verts et les Insoumis. Cela représente plus de 300 voix contre lui en cas de motion de censure, quand seulement 289 voix sont nécessaires.
Quant à Bernard Cazeneuve, « Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, lui a savonné la planche, refusant de le soutenir dès le départ« , fulmine un soutien de l’ex-Premier ministre de François Hollande. Emmanuel Macron, qui refuse toute forme de cohabitation, « n’attendait que cela« , rage un ancien socialiste. « Le PS a tué Cazeneuve en exigeant qu’il applique le programme du nouveau front populaire« , résume un proche de l’Élysée.
Un mouton « à trois pattes »
Emmanuel Macron continue donc de chercher la perle rare. D’ailleurs, « s’il n’avait que trois pattes, cela ferait l’affaire« , ironise un macroniste désespéré. Ainsi, de nouveaux noms apparaissent aussi rapidement qu’ils disparaissent : David Lisnard, le maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France, qui se qualifie de « bulle médiatique » et ne s’attend à rien ; François Baroin, son prédécesseur à la tête de l’AMF ; et Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne. Le nom du maire de Troyes revient « à chaque fois« , note un fidèle du Président, qui n’y croit pas du tout, tout comme il ne croit pas à la nomination de Michel Barnier, l’ancien commissaire européen, qu’il juge « trop âgé » et « trop marqué à droite« .
Un soutien d’Emmanuel Macron plaide pour revenir à ce qui a fonctionné par le passé : un maire de centre droit inconnu du grand public, comme Édouard Philippe ou Jean Castex à l’époque. « Pas de passé, pas de passif… Ce profil a moins de chances d’être censuré« , selon lui.
« Le risque d’un monsieur personne, c’est l’effet déceptif« , avertit un bon connaisseur de l’Assemblée, craignant que « l’hémicycle ne fasse payer à Emmanuel Macron ses hésitations« . Selon lui, le « premier nommé sera le premier à tomber« . D’aucuns regrettent désormais qu’Emmanuel Macron n’ait pas tout simplement commencé par nommer… Lucie Castets. Résultat : il faut recommencer les recherches. Il se peut même qu’il n’y ait aucune annonce avant le lundi 9 septembre, selon plusieurs sources. Dans son interview télévisée du 23 juillet, Emmanuel Macron expliquait qu’il attendrait la fin des olympiades.