Le représentant du groupe La Droite républicaine à l’Assemblée nationale est suspecté d’avoir octroyé des habitations, détenues par un syndicat entre plusieurs communes, à deux de ses assistants.
Le parquet de Créteil a annoncé, ce jeudi 26 septembre, l’ouverture d’une enquête préliminaire à l’encontre de Vincent Jeanbrun, député LR et maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Il est soupçonné d’avoir proposé des logements appartenant à un syndicat intercommunal à deux de ses collaborateurs, ce qui constitue une potentielle prise illégale d’intérêts.
Le parquet informe que l’enquête porte sur des faits de « prise illégale d’intérêts » et de « recel de prise illégale d’intérêts par un élu dans une affaire dont il assure l’administration ou la surveillance ». Sont également concernés les chefs d’accusation de « concussion », « recel de bien provenant de concussion », ainsi que « soustraction, détournement ou destruction de biens d’un dépôt public par le dépositaire de l’autorité publique ou l’un de ses subordonnés ». Ces informations confirment un rapport initial de Mediapart.
« Des logements de fonctions attribués de manière irrégulière »
L’enquête, ouverte depuis le 2 septembre, découle d’une alerte émise par l’association Anticor, spécialisée dans la lutte contre la corruption, en juillet dernier. Selon Anticor, Vincent Jeanbrun aurait attribué de façon irrégulière des logements de fonctions à son directeur de cabinet en 2017 et à son chef de cabinet en 2021. Ces logements étaient supposés être réservés aux membres du syndicat intercommunal des cimetières, selon les précisions de l’association.
Les logements mis en cause sont deux maisons de 150 m² situées à Chevilly-Larue, une ville adjacente à L’Haÿ-les-Roses. Les loyers pour ces habitations étaient fixés à 700 euros mensuels, soit environ cinq fois moins que le prix standard du marché, rapporte Anticor.
Anticor alerte également sur le fait que les factures d’électricité des deux collaborateurs, dont le montant total atteignait 45 000 euros, étaient prises en charge par la mairie. L’association estime que ces faits « pourraient être constitutifs d’un détournement de fonds publics ».
Interrogé par Mediapart, Vincent Jeanbrun a expliqué que « cette pratique était déjà en vigueur au sein du syndicat avant son arrivée à la mairie ». Il affirme en outre être « autorisé par le conseil syndical à signer des baux commerciaux et locatifs pour le patrimoine immobilier du syndicat ».