Franceinfo interroge la population française sur leurs aspirations concernant le nouveau cabinet dirigé par Michel Barnier. Le mercredi, ce sont les employés qui se confient et expriment leur souhait de voir supprimé l’âge de départ à la retraite fixé à 64 ans.
Direction Sablé-sur-Sarthe, dans le département de la Sarthe, où le groupe alimentaire LDC est implanté. Leader de la volaille en France, LDC est célèbre pour ses marques telles que Le Gaulois, Maître Coq, Loué ou encore Marie. Le groupe possède une centaine de sites répartis à travers la France et l’Europe, incluant plusieurs installations à Sablé-sur-Sarthe. La principale préoccupation des employés à cet endroit est la réforme des retraites et l’annulation de l’âge de départ repoussé à 64 ans. Le nouveau Premier ministre a exprimé son intention de « ouvrir le débat » pour une « amélioration » de cette réforme des retraites.
En plein cœur de la zone industrielle, entouré d’usines, un grand rond-point a vu défiler les manifestations de centaines de travailleurs protestant contre la réforme des retraites. « J’ai manifesté à de nombreuses reprises l’année dernière, » raconte Gilles, âgé de 57 ans, encore empreint de déception. « J’ai perdu de nombreuses heures sans aucun résultat tangible, car le 49-3 a mis fin à tout cela. »
Gilles pourra partir à la retraite à 61 ans et trois mois puisqu’il a débuté sa carrière assez tôt. « Avec la réforme Macron, j’ai dû rajouter quinze mois à ma carrière. J’aurais préféré partir à 60 ans, mais malheureusement, ce n’est pas de chance, » se désole-t-il.
« On a des douleurs au dos parce qu’on porte beaucoup. »
Corinne, employée de LDCà 42mag.fr
Les travailleurs qui franchissent les portes des usines sont épuisés et marqués physiquement, comme Corinne, 52 ans. Elle est chargée de poser des étiquettes sur les barquettes de poulet, des gestes répétitifs qui lui causent des problèmes de santé. « J’ai déjà subi des opérations aux deux épaules, et j’ai également eu des interventions sur les canaux carpiens, » raconte Corinne. « Je m’occupe des machines; il faut remplacer le ‘célo’ – le film qui emballe les barquettes. Le célo le plus léger fait 13 kg et peut aller jusqu’à 21 kg. Ensuite, il y a les étiquettes, le rouleau d’étiquettes pèse 4 kg, et nous le changeons 10 à 15 fois par jour. »
« La santé avant le travail »
Dans ces conditions, Laurence refuse de prolonger son activité professionnelle: « À 61 ans et neuf mois, puisque c’est ce que la loi impose actuellement, je ferai au moins une retraite progressive. Il y aura une baisse de revenus, mais c’est un choix personnel. Je privilégie ma santé au travail. » Cependant, tous ses collègues ne peuvent pas en faire autant. En moyenne, selon leur ancienneté, ils gagnent entre 1 500 et 1 800 euros nets par mois.
Les retraites et le pouvoir d’achat, y aura-t-il des changements avec Michel Barnier comme nouveau Premier ministre? Charlène, une autre salariée, reste sceptique : « Ils nous promettent monts et merveilles pour se faire élire et faire parler d’eux, mais au final, on ne voit aucun changement concret. Qu’il y ait un nouveau gouvernement, un nouveau ministre, tant que le président reste le même, rien ne changera vraiment. » Dans l’usine, les travailleurs tentent de faire bouger les choses eux-mêmes. La semaine dernière encore, ils ont fait une grève pour obtenir de meilleures conditions de travail.