Lors de sa première visite officielle sur le terrain après la désignation de Michel Barnier, le président a fait preuve d’une certaine réserve dans le département du Rhône. Ses collaborateurs estiment qu’il s’agit là du commencement d’une période inédite.
«Oh, vous verrez, il se fera plus rare», plaisante un conseiller du président. Depuis que Michel Barnier a été nommé Premier ministre, Emmanuel Macron adopte un profil plus bas. «Sa fonction demeure inchangée, mais son rôle a évolué», explique l’Elysée. Néanmoins, combien de temps le chef de l’Etat pourra-t-il se maintenir en retrait, alors qu’une forme de cohabitation discrète s’établit ? «Un parfum de cohabitation», «une coexistence exigeante» : l’Elysée a annoncé une nouvelle phase après le revers électoral subi par le camp présidentiel aux législatives, alors que les alliés de Macron, épaulés par les Républicains, s’apprêtent à reprendre du service au gouvernement.
Pour sa première sortie de terrain suite à la nomination de Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron est resté discret le mardi 10 septembre lors de sa visite à une usine de vaccins du groupe Sanofi, située à Neuville-sur-Saône (Rhône) près de Lyon, avant de donner le coup d’envoi des Wordskills, les « JO des métiers et de l’artisanat ». Cet événement, hautement symbolique, a vu le président arriver seul sur les lieux. Aucun ministre n’était présent tandis que Michel Barnier continuait ses consultations afin de trouver une majorité stable et de composer un gouvernement.
« Constance et persévérance »
Pas de grandes annonces, pas de discours flamboyant, aucune interaction avec la presse… Emmanuel Macron s’impose une certaine modestie, coupant des rubans. Il a laissé à peine une allusion dans un discours réduit : les crises défilent, mais lui reste. «On ne réalise de grandes choses qu’en restant fidèle à son histoire», «il faut de l’ambition, vous en avez eu et nous en avons eu à vos côtés», a-t-il déclaré en saluant la capacité de Sanofi à se «réinventer». «Cette constance et cette persévérance sont nécessaires (…) ne pas être emporté par l’actualité d’un jour à l’autre, d’une vague à l’autre», a ajouté le président, semblant répondre aux événements actuels.
«Il va devoir se réinventer, le pouvoir est maintenant de l’autre côté de la rive», reconnait, fataliste, un proche de l’Elysée. En d’autres termes, le centre du pouvoir se trouve désormais à Matignon, même si Michel Barnier n’a pas encore formé de gouvernement. «J’ai besoin de vous, le président a besoin de vous», martèle ainsi le Premier ministre aux députés de l’ex-majorité Macroniste, comme un appel à la loyauté. Une figure emblématique de l’Assemblée, lasse, conclut : «Pas sûr que cet argument soit encore efficace».