En cette rentrée de septembre, le Rassemblement National déclare qu’il va se restructurer afin de se professionnaliser, et qu’il compte se débarrasser de ses responsables les moins respectables. Ce n’est pas la première fois que le parti d’extrême droite fait une déclaration de ce type.
En ce mois de septembre, Marine Le Pen souhaite tirer des leçons de l’échec du Rassemblement National (RN) aux dernières élections législatives et en profite pour réorganiser le parti politique. On pourrait appeler cela les résolutions de rentrée ! C’est le moment du grand nettoyage automnal. La direction du RN a convoqué plusieurs dizaines de candidats qui se sont signalés durant la campagne électorale par des propos racistes, antisémites ou homophobes, ou encore par une incompétence notoire. Toutes ces « brebis galeuses », comme les appelle Jordan Bardella, devraient être invitées à quitter le parti. Cela sent la purge… Cette fois, il est question de mettre fin aux dérapages et aux profils controversés ! Marine Le Pen veut aligner des candidats irréprochables, aux CV exemplaires, en cas de nouvelle dissolution en 2025. Peut-on la croire ? Cela reste à voir. Édito.
Marine Le Pen nous a déjà fait ce coup. Lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé la dissolution, le RN se disait prêt à prendre les commandes du gouvernement. Ils prétendaient avoir un « plan Matignon » tout préparé. Mais c’était une imposture. Ce plan consistait simplement en une liste de candidats souvent inacceptables, et l’auteur de ce plan, le directeur général du parti, Gilles Pennelle, a démissionné après la débâcle du second tour. Comme à chaque refonte, Marine Le Pen commence par changer de directeur de cabinet. Elle se félicite d’avoir recruté un jeune énarque, un symbole de crédibilité semble-t-il. Cependant, elle a toujours eu des énarques à ses côtés, tels que Christophe Bay en 2022, ou Florian Philippot avant lui.
La place des énarques
Marine Le Pen critique véhémentement la technocratie, mais elle nourrit une fascination pour les énarques, qu’elle exhibe comme des trophées. Tout comme son père avant elle. Du temps du Front National de Jean-Marie Le Pen, il y avait déjà des énarques comme Jean-Yves Le Gallou ou Yvan Blot, sans que cela n’atténue l’amateurisme du parti.
Le RN éprouve des difficultés à se professionnaliser, probablement parce que la véritable nature du parti demeure inchangée. Ceux qui rejoignent ses rangs ne s’y trompent pas. Marine Le Pen peut bien rejeter l’étiquette d’extrême droite, ce sont bel et bien des militants d’extrême droite qui se portent candidat sous les couleurs du RN aux élections. Après chaque scrutin, qu’il soit local ou national, en 2015, 2017, 2022 ou même 2024, Marine Le Pen promet une grande remise en ordre. Et chaque fois, les candidats racistes ou antisémites réapparaissent comme des champignons après la pluie. À croire qu’ils savent que, malgré les paroles et la communication, derrière cette façade, comme disait Alain Delon dans Le Guépard de Visconti : « Il faut que tout change pour que rien ne change…«