Didier Migaud, ministre de la Justice, reconnaît « un sentiment d’échec » en raison du fait que le principal suspect faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
« Il est indéniable que ce crime est abominable, Philippine n’aurait pas dû mourir, c’est une évidence », affirme Didier Migaud, ministre de la Justice, le vendredi 27 septembre sur France Inter, à la suite de la découverte du corps de Philippine, une jeune fille de 19 ans, dans le bois de Boulogne à Paris, le samedi précédent. Un acte « inqualifiable », d’après les termes du ministre, répondant à certaines critiques politiques évoquant des lacunes et le « laxisme » de la justice. Le principal suspect, un jeune homme de 22 ans, arrêté en Suisse, faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
« Pour moi, c’est naturellement un échec », admet le ministre de la Justice, en s’interrogeant sur « comment faire en sorte que de telles tragédies ne se reproduisent plus ». « Cela relèvera de ma responsabilité, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur et sous l’arbitrage du Premier ministre, en fonction des propositions que nous pourrons lui soumettre », précise Didier Migaud. « La justice a pour mission de s’assurer que ce genre de situations ne reste pas impuni », poursuit-il, tout en reconnaissant qu’il « pourrait être nécessaire de faire évoluer le cadre juridique ».
Une émotion qui éclipse toute rationalité
« Je vais examiner si les procédures actuelles sont adéquates pour, avec mon collègue de l’Intérieur, éventuellement proposer les modifications nécessaires », insiste Didier Migaud, refusant toutefois de « légiférer sous le coup de l’émotion ». « Je comprends que l’émotion est tellement intense qu’elle éclipse toute objectivité dans les discours », observe le garde des Sceaux, rappelant que « le rythme de la justice n’est pas celui de l’émotion ».
Restaurer la confiance des citoyens dans la justice est une priorité pour le garde des Sceaux, qui déplore « cette méfiance ». « À moi de veiller à ce que cette confiance soit rétablie », affirme Didier Migaud. Le ministre de la Justice souligne l’importance de se baser sur « des données objectives ». « En matière d’exécution des peines, nous avons fait des progrès significatifs, tout comme sur le nombre de personnes détenues en prison », explique Didier Migaud, tout en reconnaissant que « pour les citoyens, cela peut sembler inaudible ».
« Je resterai toujours un défenseur de l’État de droit, de la justice et des magistrats », promet Didier Migaud, « tout en n’étant pas indulgent vis-à-vis des éventuelles défaillances qui pourraient survenir ».