Michel Barnier, qui a perdu la primaire au sein du parti Les Républicains face à Valérie Pécresse, s’était notamment prononcé en faveur d’un « moratoire » concernant les régularisations des personnes sans papiers et d’un relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans.
Ministre, commissaire européen, député, sénateur… Michel Barnier, nouvellement nommé Premier ministre par Emmanuel Macron le jeudi 5 septembre, a traversé de multiples vies politiques avant de prétendre à Matignon. Il avait d’ailleurs tenté sa chance à la primaire des Républicains pour l’élection présidentielle de 2022.
Se qualifiant de « gaulliste social », Barnier avait terminé troisième à cette primaire, remportée par Valérie Pécresse. Avec l’obligation de travailler avec une Assemblée sans majorité pour faire passer ses textes, franceinfo revient sur les propositions qu’il avançait alors.
Des positions très fermes sur l’immigration
« Le laisser-aller n’est jamais une solution en politique. Nous mesurons aujourd’hui les conséquences du laxisme et du déni. Nous devons nommer le problème, le regarder en face et le traiter », déclarait Michel Barnier dans une interview accordée au Figaro à l’époque. Défendant des mesures très strictes sur l’immigration et la sécurité, il prônait un « moratoire » sur l’immigration d’une durée de trois à cinq ans. Pour cela, il souhaitait « cesser les régularisations inconditionnelles des sans-papiers », « accélérer le parcours du demandeur d’asile », restreindre les critères de regroupement familial et réduire le nombre de visas de long séjour émis.
Ce qui avait le plus surpris, compte tenu de ses responsabilités européennes précédentes, c’était son appel à un référendum pour retrouver une « liberté de manœuvre » en matière d’immigration, suggérant que la France pourrait se démarquer des règles imposées par les institutions juridiques de l’UE et du Conseil de l’Europe. Malgré les critiques, Barnier insistait qu’en matière d’immigration, « si on ne change rien, il y aura d’autres Brexit ». Ces prises de position avaient trouvé un certain écho auprès du Rassemblement national.
Une promesse d’économies et la retraite à 65 ans
Le nouveau Premier ministre se retrouve à devoir gérer une situation budgétaire délicate et présenter un budget pour 2025 d’ici la fin septembre, alors que le déficit pourrait se creuser plus que prévu, selon Bercy. À l’époque de sa candidature, Michel Barnier militait pour une « stricte trajectoire d’économies » en matière de finances publiques et pour une « maîtrise de la dette ». Il proposait d’encourager le « retour au travail et à l’activité, clé de la croissance » en réduisant les impôts de production de 10 milliards d’euros et en allégeant les charges sociales pour les salaires intermédiaires, de 1,6 à 2,5 smic.
Préconisant des « réformes courageuses », il défendait l’idée de « reporter l’âge de la retraite à 65 ans », soit un an de plus que la réforme de 2023, et d’améliorer « l’efficacité de l’État » et des collectivités locales en supprimant « tous nos doublons administratifs ».
La volonté de faire la chasse à « l’assistanat »
Suivant les traditions de la droite, l’ex-ministre voulait « encourager le travail et le mérite, au détriment de l’assistanat » en suspendant les allocations chômage après « deux refus d’une offre raisonnable ». Il se disait cependant « beaucoup plus soucieux de dialogue social » comparé à Emmanuel Macron, dont les réformes de l’assurance chômage s’étaient faites sans consulter les syndicats.
Dans son programme, Michel Barnier mettait également l’accent sur la lutte contre la fraude sociale, voulant remplacer toutes les cartes Vitale par des cartes biométriques pour « économiser des sommes considérables » en éliminant ce « nid de fraudes ». Il prévoyait aussi d’augmenter les salaires dans les « services publics essentiels de la santé et de l’éducation » tout en souhaitant « débureaucratiser » l’hôpital et impliquer davantage les médecins dans sa gestion.
Une relance du nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique
Le nouveau Premier ministre avait déjà des positions alignées avec celles du président il y a trois ans. Ancien ministre de l’Environnement de 1993 à 1995, il proposait de « relancer » le nucléaire et d’investir dans les énergies renouvelables comme le photovoltaïque, la biomasse et l’hydraulique. Cependant, il voulait stopper les projets éoliens car selon lui « ils font beaucoup de dégâts », une position souvent soutenue par l’extrême droite française.
Ayant aussi été ministre de l’Agriculture, il exprimait son désir de soutenir les agriculteurs, qu’il qualifiait de « premiers écologistes », et critiquait les initiatives de « décroissance » agricole encouragées, selon lui, par l’UE. Il proposait également une taxe carbone aux frontières de l’UE afin de « rétablir une concurrence équitable entre l’Europe et ses partenaires commerciaux ».