En mettant en avant des « signaux alarmants initiaux » concernant la transition écologique, plusieurs organisations exhortent le nouveau Premier ministre à incorporer ces préoccupations essentielles dans son programme politique.
« Quelle est l’attitude de Michel Barnier face aux signaux d’alerte climatiques ? » À la veille de la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre devant l’Assemblée nationale, plusieurs organisations non gouvernementales du Réseau Action Climat se sont réunies le lundi 30 septembre pour demander à remettre « la transition écologique et équitable en tête de liste des priorités politiques ». Devant des journalistes rassemblés face au Palais-Bourbon, le Réseau Action Climat, WWF, Greenpeace, le réseau Cler, France Nature Environnement (FNE), Oxfam et 350.org ont tenu à souligner les conséquences du réchauffement climatique en France. « L’urgence écologique est là, nous avons pris des engagements internationaux significatifs et nous attendons leur mise en œuvre, mais il est possible que la déclaration de politique générale aille dans la direction opposée », s’inquiète Antoine Gatet, président de FNE.
« Nous attendons avec impatience la déclaration de politique générale. Les ONG refusent de céder au défaitisme et restent plus déterminées que jamais pour mener une année de lutte. Car chaque dixième de degré compte. »
Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climatlors d’une conférence de presse
Avant ce rendez-vous crucial, les ONG expriment leurs inquiétudes face à des « signaux alarmants initiaux ». « Le secrétariat général à la planification écologique n’est plus convié aux réunions à Matignon. (…) Sans une direction politique claire assumée par le Premier ministre, l’influence de la ministre de l’Écologie lors des arbitrages risque d’être minime », met en garde Cécile Duflot, directrice d’Oxfam. Par ailleurs, la nouvelle ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, se retrouve à la tête d’un ministère privé des portefeuilles des Transports et du Logement, ce qui a incité les ONG à dénoncer une « transition écologique fragmentée ».
« Nous avons eu les grands discours, mais nous attendons des actions concrètes »
« Après avoir amputé les moyens du ministère, on va essayer de le paralyser complètement » en raison du futur projet de Loi de finances, illustre Jean Burkard, directeur du plaidoyer du WWF. En effet, le gouvernement de Gabriel Attal avait annoncé en février des économies de 10 milliards d’euros, incluant une réduction de 2 milliards pour les programmes d’écologie, de développement et de mobilité durables. De plus, les lettres-plafonds préparatoires au budget 2025 suggèrent une diminution de près de 1,5 milliard d’euros des nouveaux crédits pour le Fonds vert, un programme gouvernemental conçu pour accélérer la transition écologique des collectivités locales. Or, il est crucial de « quantifier et financer la transition écologique sur le long terme », soutient Alexis Monteil-Gutel, codirecteur du réseau Cler.
« Suppression des niches fiscales nuisibles pour le climat », « soutien aux initiatives de rénovation de logements performants », « contribution des acteurs économiques les plus aisés et les plus polluants »… En réponse à ces inquiétudes, les ONG proposent des solutions concrètes. « Nous avons entendu les grands discours, les affirmations sur ‘la dette écologique’, ‘le quinquennat sera écologique ou ne sera pas’. Nous attendons désormais des actes concrets », affirme Antoine Gatet.
Les ONG demandent en outre d’initier des consultations sur des textes structurants et « extrêmement retardataires ». À l’instar du Haut Conseil pour le climat, elles mentionnent la nouvelle stratégie nationale bas carbone (SNBC), le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Elles expriment également le souhait de rencontrer le gouvernement, qu’elles assurent avoir sollicité.