Avant de constituer son cabinet, le chef du gouvernement a consulté l’ancien Premier ministre ainsi que plusieurs membres des Républicains. De son côté, la gauche a exprimé son mécontentement, affirmant qu’un tel gouvernement était « à la merci des exigences du Rassemblement National ».
Rien n’est encore complètement résolu. Au lendemain de la désignation de Michel Barnier comme successeur de Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre a tenu des réunions avec des représentants de divers partis politiques pour discuter de la composition de son prochain cabinet, vendredi 6 septembre. Voici les principaux faits marquants de la journée politique.
Le Premier ministre Michel Barnier rencontre Gabriel Attal et des figures de LR
Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a reçu à Matignon son prédécesseur Gabriel Attal. « Notre démarche n’est pas de bloquer le gouvernement, ni de le soutenir sans réserve : notre priorité sera toujours d’agir dans l’intérêt de notre pays et en accord avec nos principes », a déclaré Gabriel Attal dans un message destiné aux députés de son groupe Ensemble pour la République. Faisant allusion à une « possible contribution » des partisans de Macron au futur gouvernement, il a ajouté que « nous restons ouverts à continuer les discussions ».
Ensuite, Michel Barnier a eu des entretiens avec des responsables des Républicains : le président du Sénat, Gérard Larcher, le chef des députés, Laurent Wauquiez, et le chef des sénateurs, Bruno Retailleau. En réponse aux interrogations de LR concernant la capacité du président de la République à choisir certains ministres, Michel Barnier a affirmé : « Ceci ne se produira pas. (…) J’ai une marge de manœuvre que j’entends utiliser », a rapporté France Télévisions de sources présentes à la réunion.
Michel Barnier souhaite « ouvrir le débat » pour une « amélioration » de la réforme des retraites
Sur TF1, le Premier ministre a exprimé son désir de revoir et améliorer la réforme des retraites adoptée en 2023 – tout en « respectant le cadre budgétaire » et sans « remettre tout en question ». Il a également rappelé certaines des priorités déjà évoquées lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec Gabriel Attal, à savoir l’immigration, le travail, la dette et les services publics.
Michel Barnier a également précisé que son gouvernement pourrait inclure « des personnes de [sa] famille politique, des individus de bonne volonté appartenant à la majorité sortante », ou même « des personnes de gauche ». Concernant le RN, le Premier ministre a soutenu ne pas partager les « thèses de ce parti, même si quelque 11 millions de Français ont voté pour eux et leurs voix comptent ».
LR pose ses conditions à son soutien pour Michel Barnier
« Nous avons contribué à désamorcer la situation », a affirmé Laurent Wauquiez après son entrevue avec Michel Barnier. « L’essentiel, c’est le programme et ce que nous pouvons accomplir pour le pays », a-t-il ajouté, mentionnant « le pouvoir d’achat grâce au travail et non pas par l’assistanat ». « Rien n’est encore décidé » en ce qui concerne la constitution du gouvernement, « les décisions seront prises en fonction du programme », a-t-il précisé.
La gauche critique un gouvernement « dépendant du bon vouloir du RN »
« Je suis très en colère, comme des millions d’électeurs français qui se sentent trahis par la décision du président de la République », a réagi Lucie Castets sur RTL. « Nous avons un Premier ministre totalement dépendant du Rassemblement national », a insisté la candidate du NFP pour Matignon. « Le gouvernement Barnier est suspendu au bon vouloir du Rassemblement national, quant au vote de la censure », a-t-elle répété.
Anne Hidalgo réclame un congrès du PS, accusant le parti d’avoir « empêché » un gouvernement Cazeneuve
La maire PS de Paris est dans une « profonde colère ». « Il est impératif d’organiser un congrès au Parti socialiste », a exigé Anne Hidalgo dans une interview à Libération. Elle a accusé « le Parti socialiste d’avoir empêché la nomination de Bernard Cazeneuve, qui, je le rappelle, vient de nos rangs » : « Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout avec Bernard Cazeneuve, c’est une personne de gauche qui aurait pu, sans le soutien de l’extrême droite, proposer un gouvernement pour résoudre plusieurs problèmes et être utile à la France », a-t-elle assuré.
D’autres responsables du NFP apportent une vision différente. « Si le PS avait eu le pouvoir de nommer ou de bloquer quelqu’un, ce serait Lucie Castets qui serait aujourd’hui à Matignon », a affirmé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui a demandé sur France Inter de « cesser de véhiculer l’idée que la gauche aurait volontairement renoncé au pouvoir ».