La société Maugein a récemment été mise en liquidation judiciaire, marquant la fin de sa production. Lundi prochain, le dernier accordéon fabriqué intégralement en France sera remis à son client final.
La manufacture Maugein, le plus ancien fabricant d’accordéons en France, a été créée en 1919 à Tulle, en Corrèze, par Jean Maugein, un accordeur de piano qui travaillait auparavant pour une entreprise concurrente. Le tribunal de commerce de Brive (Corrèze) a prononcé sa liquidation judiciaire le vendredi 27 septembre. Pourtant, cette entreprise était un véritable exemple de réussite, reconnue mondialement, et ayant fourni des accordéons à des artistes aussi renommés qu’Indochine, Renaud ou Bourvil.
Ces dernières années, la manufacture a connu une décroissance marquée. Les carnets de commandes se sont vidés, la faute à la concurrence des fabricants chinois. Même les tentatives de diversification, comme la production d’harmonicas et d’accordéons électroniques, n’ont pas suffi à redresser la situation.
Une entreprise qui n’a plus de souffle économique
Certains leaders politiques, dont François Hollande, continuent d’espérer en une issue favorable, soutenant qu’un repreneur pourrait encore sauver cette entreprise emblématique du Made in France. Toutefois, il semble peu réaliste de penser que l’entreprise puisse continuer à exister sous sa forme actuelle, où elle ne compte plus que 10 salariés contre 150 à la fin des années 1930.
René Lachèze, le dirigeant actuel, résume la situation ainsi : « On ne va pas occuper les gens à ne rien faire. Il n’y a plus d’accordéons à fabriquer, nous ne produisons plus d’accordéons« . C’est toujours un moment triste lorsqu’une page se tourne, d’autant plus que l’accordéon, bien que né à Vienne en Autriche, est profondément enraciné dans le patrimoine culturel français, au point que beaucoup pensent qu’il y est né. Cet instrument polyphonique est devenu multiculturel et polyvalent, apprécié aussi bien dans les bals populaires que dans la musique traditionnelle, classique, ou contemporaine. Des ballades canadiennes aux sonorités créoles de la Louisiane, de Tchaïkovski à Prokofiev, en passant par Richard Galliano, Django Reinhardt ou Cheb Khaled, comme le dit Yvette Horner « on peut tout jouer avec l’accordéon« . Alors, continuons de danser, n’est-ce pas ?