À l’occasion de cette rentrée 2024, on parle énormément de la star du cinéma espagnol, qui a réalisé environ une trentaine de films, parmi lesquels on compte « Femmes au bord de la crise de nerfs ».
Alors qu’il vient de sortir un recueil de récits chez Flammarion et qu’il est célébré par une exposition à Madrid, Pedro Almodóvar présente ce lundi 2 septembre son dernier film à la Mostra de Venise, où il concourt. Le cinéaste espagnol, âgé de 74 ans, a réalisé une trentaine de longs-métrages, de Attache-moi à Femmes au bord de la crise de nerfs, et a reçu deux Oscars : l’Oscar du meilleur film étranger en 1999 pour Tout sur ma mère et celui du meilleur scénario original en 2003 pour Parle avec elle.
Il sera également récompensé le 26 septembre prochain du prix d’honneur Donostia lors du festival du film de Saint-Sébastien, qui se déroulera du 20 au 28 septembre. « En plus de ses talents de réalisateur et de son style visuel unique – marqué par sa personnalité, des décors à la musique -, le cinéma de Pedro Almodóvar se distingue par son characterization des personnages féminins, son travail dirigé des acteurs, ainsi que son approche courageuse des thématiques LGTBIQ+ », indiquent les organisateurs dans un communiqué à l’occasion de la 72e édition du festival.
Retour détaillé sur cette rentrée riche pour cette figure emblématique du cinéma espagnol.
« The Room Next Door », son premier long-métrage en anglais
Après avoir réalisé un court et un moyen-métrage en anglais, dont le western queer Strange Way of Life avec Ethan Hawke et Pedro Pascal, sorti en 2023, Pedro Almodóvar dévoile son premier long-métrage en anglais. Intitulé The Room Next Door (en français La chambre d’à côté), le film est en compétition à la Mostra de Venise en ce début septembre. Cette œuvre, une réflexion sur la mort et l’amitié avec Tilda Swinton et Julianne Moore, s’inspire du roman de l’autrice américaine Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ?
Située sur la côte Est des États-Unis, dans l’État de New York, cette histoire met en scène Tilda Swinton dans le rôle d’une correspondante de guerre atteinte d’un cancer en phase terminale. Julianne Moore joue son amie romancière, qui accepte de l’accompagner dans ses derniers moments.
John Turturro complète ce trio, dans un cinéma de plus en plus mélancolique cher à Almodóvar, qui explore la peur de la mort et du déclin physique. « Le film aborde la cruauté sans limites des conflits armés et met en avant les démarches singulières des deux protagonistes pour exprimer la réalité« , précise un communiqué. À ce jour, aucune date de sortie en France n’a été annoncée.
« Le dernier rêve », son autobiographie morcelée
Dans ce recueil composé de douze textes, présenté comme une « autobiographie fragmentée, incomplète et quelque peu cryptique« , Pedro Almodóvar mêle récits de fiction et d’autofiction, méditations et souvenirs, écrits entre la fin des années 60 et 2023. Publié le 28 août 2024 chez Flammarion, cet ouvrage est un patchwork de fables et de confessions intimes, où des échos de ses films se font sentir.
L’histoire la plus émouvante est celle qui donne son nom à l’ouvrage. Ce « dernier rêve » est celui que sa mère a partagé avec lui et son frère, peu avant de décéder en septembre 1999. « Tout ce qu’elle nous a dit lors de cette ultime visite, à partir du moment où elle a demandé s’il y avait de l’orage, est gravé dans ma mémoire« , écrit-il.
Le recueil, non dépourvu d’humour, comme dans le texte Trop de changements de genre, où un acteur, croyant bien faire, passe la nuit au chevet du réalisateur à l’hôpital… mais l’empêche de dormir avec ses ronflements, éclaire sur le cinéaste connu pour sa fantaisie, en dévoilant aussi son côté plus sombre. « Au XXIe siècle, je suis devenu quelqu’un de plus sombre, plus austère et mélancolique, avec moins de certitudes, plus d’insécurités et de peurs : c’est là que je puise mon inspiration« , confie-t-il.
« Madrid, chica Almodóvar », son exposition de photos dans la capitale espagnole
Réalisateur des femmes, Almodóvar est connu pour sa fidélité à certaines actrices qui incarnent ses héroïnes, mais sa muse éternelle reste Madrid. Jusqu’au 20 octobre, la capitale espagnole rend hommage à cette relation unique avec l’exposition Madrid, chica Almodóvar. Constituée de 200 photos tirées de ses 23 films ou provenant de ses archives personnelles, cette exposition explore son lien particulier avec la ville.
« L’histoire entre Pedro Almodóvar et Madrid est une romance réciproque. Il n’est ce qu’il est grâce à Madrid, ils sont inséparables« , explique à l’AFP Pedro Sánchez, commissaire de l’exposition. Madrid apparaît dans tous ses films. « Elle est la véritable chica Almodóvar, bien plus que Penélope Cruz, Carmen Maura ou Marisa Pérez« , ajoute-t-il.
Lors de l’exposition, on peut découvrir une carte de Madrid indiquant les 272 lieux utilisés dans ses films, ainsi que certains endroits récurrents comme les taxis, quincailleries, cimetières et pharmacies qui jalonnent son œuvre. Les techniques employées pour embellir Madrid et en faire une capitale idéale, toujours inondée de couleurs dans ses films, ne sont pas oubliées non plus.
L’exposition Madrid, chica Almodóvar est accessible jusqu’au 20 octobre au centre Conde Duque de Madrid, du mardi au samedi, avec entrée libre (rendez-vous sur le site pour les horaires).