Les autorités judiciaires pensent que le parti d’extrême droite aurait utilisé des emplois fictifs au sein du Parlement européen entre 2004 et 2016. Cette situation nuit gravement à la réputation de probité que le Rassemblement national essaie de promouvoir.
Marine Le Pen devant la justice
Marine Le Pen doit comparaître devant le tribunal le lundi 30 septembre. Elle est accusée de « détournement de fonds publics » et fera face au juge pendant deux mois, en compagnie de 24 autres prévenus, tous élus ou employés du parti, dans le cadre de l’affaire des assistants fictifs du Rassemblement National (RN).
On se demande souvent si la fameuse stratégie de « dédiabolisation » de Marine Le Pen, visant à normaliser le RN et à en faire un parti politique comme un autre, porte réellement ses fruits. Sur le terrain judiciaire, il semble bien que ce soit le cas. En effet, elle semble avoir définitivement tourné la page de l’héritage de son père. Le slogan « Tête haute, mains propres ! » que Jean-Marie Le Pen a martelé pendant des années, appartient maintenant au passé. À présent, le RN apparaît comme un parti corrompu, similaire à ceux qu’il a longtemps accusés de malversations. Et il se pourrait même qu’il le soit davantage, au vu des accusations graves qui pèsent sur Marine Le Pen et ses nombreux associés.
Le montant en question s’élève à sept millions d’euros, que le parti d’extrême droite est soupçonné d’avoir détournés de 2004 à 2016, aux dépens du Parlement européen. Ces sept millions, soutirés de la poche du contribuable, ont servi à rémunérer frauduleusement des employés du RN. Parmi eux, Thierry Légier, le garde du corps de longue date des Le Pen, et Yann Le Pen, la sœur de Marine Le Pen et mère de Marion Maréchal, tous deux prétendument rémunérés comme assistants au Parlement européen sans y avoir jamais travaillé. Alors que l’Europe est souvent critiquée par le RN, elle a paradoxalement permis au parti de s’enrichir. En conséquence, Marine Le Pen risque jusqu’à cinq ans d’inéligibilité.
La stratégie de défense de Marine Le Pen
Marine Le Pen nie ces accusations et affirme que tous les autres partis politiques agissent de la même manière. Elle maintient qu’elle n’a rien fait de répréhensible et que cette pratique est commune, une défense certes paradoxale. Il est vrai qu’une procédure similaire est en cours contre La France insoumise, et que François Bayrou du MoDem a été relaxé en première instance en raison du bénéfice du doute. Cependant, dans le cas de Marine Le Pen, la différence réside d’abord dans l’ampleur des fonds détournés et la centralisation présumée de ce système de financement, qui semble avoir été orchestré par elle-même. Lorsqu’un élu s’inquiétait de l’illégalité de ce montage financier, le trésorier du parti lui répondait par écrit que « Marine sait tout cela… ». En guise de défense, Marine Le Pen dénoncera probablement un « procès politique », mais ironiquement, elle qui critique souvent le supposé « laxisme » de la justice, pourrait bien espérer en bénéficier cette fois.