Bien que la session ordinaire du Parlement commence officiellement le 1er octobre, les parlementaires vont renouer avec leurs multiples activités dès ce lundi.
Une rentrée politique sous haute tension. Les députés retournent au travail ce lundi 9 septembre, après une dissolution qui a marqué les esprits. Bien que la session ordinaire du Parlement ne débutera que le 1er octobre pour l’examen des premiers textes, les commissions ont déjà repris leurs activités et les partis organisent leurs journées parlementaires respectives. Les discussions s’annoncent houleuses, d’autant plus que le Premier ministre fraîchement nommé, Michel Barnier, n’a pas encore constitué son équipe gouvernementale.
Le budget 2025 à l’ordre du jour de la commission des finances ce lundi
La semaine commence dans un climat particulier. Les ministres de l’Économie et des Comptes publics, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, tous deux ayant démissionné, doivent être auditionnés ce lundi par la commission des finances de l’Assemblée nationale, en attendant que leurs successeurs soient désignés. Le principal sujet à l’ordre du jour est le budget 2025. Le nouveau chef du gouvernement a moins d’un mois pour le présenter en Conseil des ministres avant son examen à l’Assemblée prévu pour le 1er octobre.
Un délai exceptionnel pourrait être accordé mais le temps est compté. Le pays est en effet dans une situation financière précaire, avec un déficit public de 5,5 % du PIB en 2023, et est sous le coup d’une procédure de la Commission européenne pour « déficit public excessif ». « Nous ne pouvons pas attendre indéfiniment la formation du nouveau gouvernement pour commencer à travailler sur le prochain budget », a déclaré sur France Inter le député Liot Charles de Courson, rapporteur général du budget à la commission des finances. La loi de finances doit être adoptée d’ici au 31 décembre et, en l’absence d’une majorité, Michel Barnier pourrait devoir recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour éviter la censure.
Les parlementaires macronistes lancent leurs journées parlementaires mardi
Mardi verra les projecteurs braqués sur Renaissance : l’ancien Premier ministre Gabriel Attal inaugurera les journées parlementaires du parti macroniste à Rosny-sur-Seine (Yvelines). « Je pense que l’atmosphère sera tendue après une dissolution et la perte de la majorité. Le climat est assez pesant », confie à l’AFP le sénateur François Patriat. Cela est d’autant plus vrai que le groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance, 99 députés) a récemment traversé une période de fortes tensions. Après avoir frôlé la scission à la sortie des législatives, le groupe a péniblement retrouvé son unité pour élire Gabriel Attal à sa présidence, alors que plusieurs anciens ministres – Gérald Darmanin, Elisabeth Borne, Aurore Bergé – proposaient une direction collégiale.
De nouvelles luttes sont à prévoir, notamment pour la présidence du parti entre Elisabeth Borne et Gabriel Attal, puis surtout pour l’échéance de 2027. Pendant ce temps, Edouard Philippe, qui a déjà annoncé sa candidature à l’élection présidentielle, sera à Reims mercredi et jeudi pour la rentrée de son parti Horizons.
Les LR font leur rentrée en Savoie à partir de mercredi
L’atmosphère devrait être plus détendue en Savoie, territoire du nouveau Premier ministre, où les parlementaires LR se réuniront de mercredi à vendredi. Malgré le risque de disparaître aux législatives anticipées, le groupe dirigé par Laurent Wauquiez a réussi à se positionner au centre du jeu politique avec seulement 47 députés, jusqu’à obtenir Matignon.
Les Républicains décideront de leur participation au sein du nouveau gouvernement en fonction des propositions de Michel Barnier sur des thèmes comme le pouvoir d’achat, les finances publiques, l’immigration et la sécurité, ont indiqué Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, son homologue au Sénat, après leurs échanges avec le nouveau chef du gouvernement vendredi dernier.
Les élus RN se rassemblent ce week-end à Paris
Les députés RN se retrouveront samedi et dimanche à Paris. Marine Le Pen profitera de l’occasion pour réitérer son souhait d’ouvrir une session extraordinaire en septembre, afin que l’Assemblée puisse se réunir rapidement, et elle précisera ses lignes rouges vis-à-vis du nouveau Premier ministre qu’elle surveille étroitement. Lors d’une intervention sur France Inter lundi, l’ancien président François Hollande a estimé que la nomination de Michel Barnier à Matignon, sous la pression du RN, montre que « l’extrême droite revient par la fenêtre, alors qu’elle avait été écartée par la porte par les électeurs ».
Avec le soutien critique des LR et du camp présidentiel, face à une gauche unanimement hostile, Michel Barnier a besoin de la bienveillance du RN, qui peut à tout moment décider de s’allier au Nouveau Front populaire pour le renverser. Le parti à la flamme a en tout cas promis de revenir en octobre sur la réforme des retraites pour l’abroger, peut-être avec l’aide de certains opposants. Marine Le Pen a également appelé Emmanuel Macron à organiser des référendums sur des sujets comme « le pouvoir d’achat, l’immigration, la sécurité, la santé », comme elle l’a rappelé lors de son discours de rentrée à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).