La réforme qui fixe l’âge de la retraite à 64 ans pourrait être contestée par les députés récemment élus lors des élections législatives anticipées. Cette perspective se présente malgré la volonté ferme d’Emmanuel Macron de maintenir cette mesure, qu’il considère essentielle pour son legs politique.
Le choix du Premier ministre par Emmanuel Macron, le mercredi 4 septembre, se heurte à une véritable pierre d’achoppement : la réforme des retraites de 2023. Cette réforme, qui a repoussé l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, a suscité de vives réactions et de nombreuses manifestations, bien que le gouvernement macroniste la jugeait indispensable.
À gauche, l’abrogation de cette réforme est devenue un point central du Nouveau Front populaire (NFP) et de ses 193 députés, qui en ont fait une promesse clé de leur programme législatif. Après le refus d’Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre, une candidate sélectionnée par l’alliance de gauche, La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont maintenu fermement leur position. Le Parti socialiste, en revanche, semble un peu plus partagé sur la question, notamment face à la perspective de nommer Bernard Cazeneuve, le dernier Premier ministre de François Hollande.
Lors d’une intervention sur Radio J, le député socialiste Jérôme Guedj a exprimé une préférence pour un « gel » de la réforme au lieu d’une suppression totale. Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a également exprimé des réserves, déclarant sur BFMTV, qu’il envisagerait cette option si Bernard Cazeneuve parvenait à obtenir l’abrogation de la réforme. Néanmoins, le bureau national du parti a réitéré sa volonté d’abroger la réforme dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, mettant en garde contre la nomination de tout autre candidat que Lucie Castets pour le poste de Premier ministre.
Les macronistes refusent toute marche arrière…
Cette stance ferme des socialistes complique sérieusement les négociations avec le camp présidentiel. Malgré quelques voix discrètes appelant à des discussions, la majorité du côté macroniste reste inflexible. François Bayrou, leader du MoDem, a suggéré sur LCI qu’un meilleur équilibre pourrait être trouvé. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a également indiqué sur France Inter qu’elle ne rejetait pas l’idée d’aménagements, notamment en ce qui concerne la « pénibilité ».
Malgré ces ouvertures, une grande partie des macronistes est catégorique. « C’est une ligne rouge pour nous, et nous n’avons pas d’autre choix que de travailler un peu plus », a affirmé Sylvain Maillard sur franceinfo. Benjamin Haddad, de son côté, a réitéré son opposition à toute suppression de la réforme lors d’une interview sur France 2. Même l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, en annonçant sa candidature présidentielle, a défendu l’idée de relever l’âge de la retraite à 67 ans.
… mais une majorité de députés veulent l’abroger
Cependant, malgré les discussions entre coalitions politiques, il semble peu probable qu’Emmanuel Macron choisisse un Premier ministre opposé à la réforme des retraites. Bernard Cazeneuve, après une rencontre avec le président, aurait-il fait de cette réforme une priorité absolue ? Selon son entourage, Cazeneuve reste un homme de gauche et responsable, sans en dire davantage.
Cela pourrait pousser Emmanuel Macron à envisager une solution à droite, en discutant avec des figures comme Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France. La réforme des retraites reste en effet l’une des priorités du « pacte législatif d’urgence » proposé par Laurent Wauquiez et ses alliés, malgré les divisions internes lors du vote. Même si le prochain Premier ministre est favorable à la réforme des retraites, il se retrouvera face à une Assemblée nationale largement en faveur de son abrogation.
Le débat sur la réforme des retraites risque donc de revenir rapidement sur le devant de la scène, d’autant plus que le Rassemblement national avait également fait de son abrogation une promesse de campagne législative. « Nous proposerons l’abrogation de la réforme des retraites le 31 octobre », a d’ailleurs promis le député RN Sébastien Chenu sur BFMTV. Les 126 députés du RN pourraient donc s’aligner avec ceux du NFP pour remettre en question une des réformes emblématiques du second mandat d’Emmanuel Macron.