Marylise Léon a souligné une fois de plus que cette réforme est « inéquitable ». De son côté, le nouveau chef du gouvernement, Michel Barnier, a exprimé son intention de « lancer la discussion » afin de « peaufiner » le projet de loi.
« Nous devons aborder tous les sujets sans détours. Il est impératif de traiter l’éléphant dans la pièce, à savoir les 64 ans », a affirmé dimanche 8 septembre sur France Inter Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT. Tandis que le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a exprimé sa volonté de « lancer la discussion » afin de « perfectionner » la réforme houleuse des retraites, la cheffe de la CFDT exige « au minimum » une suspension de cette réforme avant d’entamer « les pourparlers ».
« L’objectif, c’est qu’argument contre argument, nous prouvions que cette réforme est fondamentalement inéquitable », a-t-elle précisé. Ayant défendu un report de l’âge légal à 65 ans lorsqu’il était candidat à la primaire LR en 2021, Michel Barnier a refusé de préciser s’il envisageait de revenir sur le passage de 62 à 64 ans prévu dans la réforme adoptée au printemps 2023.
« Je suppose que lorsqu’il endosse le rôle de Premier ministre, il se montre réceptif aux personnes en face de lui. C’est à la CFDT de lui démontrer que ce décalage de l’âge est la mesure la plus injuste, » a-t-elle insisté. « Aujourd’hui, le monde du travail doit sérieusement s’attaquer aux questions de pénibilité et d’exposition aux risques », a-t-elle ajouté.
S’asseoir « rapidement autour de la table »
Dans les rangs présidentiels, on rappelle qu’abroger la réforme des retraites coûterait entre 14 et 20 milliards d’euros par an d’ici 2030. « L’argument financier est bien pratique », observe Marylise Léon. « Je pense que les responsables politiques ne veulent pas revenir sur ce qu’ils considèrent être une réforme nécessaire qu’ils ont menée, même si elle a généré de nombreuses tensions dans le pays », explique la syndicaliste.
Selon elle, « la majorité présidentielle de l’époque » a choisi la voie de la facilité : « au lieu de s’orienter vers une retraite à la carte, par points, ils ont opté pour les 64 ans sans résoudre certains enjeux, notamment ceux de justice sociale ». « Mais le verdict des élections législatives reflète aussi le rejet de cette réforme foncièrement inéquitable des retraites », estime-t-elle. « Il incombe aux acteurs sociaux, qu’ils soient syndicaux ou patronaux, de s’asseoir rapidement autour de la table », a-t-elle conclu.