Bien que le secteur des véhicules électriques traverse une période difficile, un groupe de pression européen a sollicité un report de deux ans pour les cibles de réduction de CO2 prévues pour 2025. Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, a exprimé son ferme désaccord avec cette proposition dimanche.
Il serait absurde de modifier maintenant les règlements européens sur les émissions de CO2 comme le réclament certains constructeurs, a critiqué Carlos Tavares, directeur général de Stellantis. Ces propos sans équivoque ont été prononcés par le chef du deuxième groupe automobile européen lors du concours d’élégance automobile de Chantilly, dans l’Oise. Le dimanche 15 septembre, Carlos Tavares a profité de cet événement biennal, qui rassemble les passionnés de belles voitures dans le Val d’Oise, pour exprimer sa divergence par rapport à ses principaux concurrents européens.
Pressions européennes
Le débat porte sur les mesures imposées par l’Europe concernant l’instauration des normes anti-pollution. À partir de 2025, Bruxelles menace les constructeurs automobiles de lourdes sanctions s’ils ne vendent pas une proportion suffisante de modèles électriques. Les groupes concernés, réunis au sein de l’ACEA, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (incluant Renault, Toyota, ou Volkswagen), tentent de faire pression pour repousser cette échéance. Le dirigeant de Stellantis, qui a choisi d’agir seul depuis la fin 2022, peut se permettre de se rebeller : « Tout le monde est au courant des règles depuis longtemps. Chacun a eu le temps de se préparer, donc maintenant, il faut courir. »
En réalité, il s’agit d’un mélange de pragmatisme et d’acceptation face à une concurrence de plus en plus rude. Carlos Tavares ne cesse de répéter depuis des années que les voitures électriques ne se vendront pas si elles restent trop onéreuses, et les chiffres du marché le confirment. Les ventes de voitures électriques peinent à décoller, mais aujourd’hui, il n’est plus possible de faire demi-tour. « Maintenant, nous avons les voitures, nous avons construit et nous nous sommes préparés pour atteindre les objectifs de vente nécessaires », dit-il, laissant entendre qu’il était trop tard pour faire marche arrière.
Un nouveau contexte
Le PDG de l’ancien groupe PSA-Peugeot-Citroën, désormais une entité franco-italo-américaine (après sa fusion avec Fiat et Chrysler), joue la carte de la transparence et met la Commission européenne face à ses responsabilités. S’étant longtemps opposé à des règles trop rigides concernant les normes antipollution, il estime désormais avoir respecté les règles du jeu. « Le dogmatisme s’est heurté au mur de la réalité », résume-t-il en parlant des décisions européennes. Vous vouliez des voitures électriques à tout prix, aujourd’hui vous les avez… même si c’est au prix d’un impact social notable qui commence à se faire sentir dans le secteur.