Près de neuf mois après les gigantesques manifestations des agriculteurs, les syndicats du secteur agricole cherchent à continuer de peser sur les décisions du gouvernement. Jeudi, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont diffusé ensemble un communiqué dans lequel ils réitèrent leurs demandes.
Le domaine agricole est l’une des grandes priorités qui attendent Michel Barnier à la tête du gouvernement. Neuf mois après les mobilisations et blocus sans précédent des agriculteurs, la tension reste palpable, car la proposition de loi destinée à apaiser leur colère est toujours bloquée au Parlement à la suite de la dissolution. Les organisations professionnelles du secteur agricole maintiennent la pression, comme en témoignent les premières déclarations des deux principales fédérations, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA).
L’agriculture doit devenir une priorité immédiate, affirment les syndicats dans un communiqué conjoint. Ils expriment l’urgence de la situation. Les agriculteurs sont mécontents et estiment que leurs revendications n’ont pas été suffisamment prises en compte. Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole, visant à garantir leurs revenus, remanié après les manifestations de cet hiver, est actuellement devant le Sénat et il n’est pas certain que la nouvelle Assemblée nationale le prenne en main rapidement.
Un ministre qui s’est opposé à la FNSEA
La FNSEA souhaite même enrichir ce projet de loi. Sous l’absence de gouvernement cet été, la fédération a publié sa propre proposition législative pour « favoriser l’entrepreneuriat en agriculture ». Cette proposition inclut des demandes pour réduire les réglementations, mettre fin aux interdictions de pesticides sans alternative, et créer un guichet unique pour simplifier les nouvelles implantations agricoles. À noter, environ la moitié des 500 000 agriculteurs seront en âge de prendre leur retraite d’ici 2030.
Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, est bien familier du secteur agricole. Il a été ministre de l’Agriculture de 2007 à 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, dans le second gouvernement de François Fillon.
L’organisation écologique Générations futures se souvient d’un ministre qui n’a pas cédé à la FNSEA, en particulier sur le programme Ecophyto visant à réduire l’utilisation des pesticides, programme qui a récemment été allégé en réponse aux mobilisations pour diminuer ses contraintes.
Perception contrastée de Barnier
Les syndicats agricoles gardent donc une mémoire mitigée de Michel Barnier à la tête du ministère de l’Agriculture. Ils lui reprochent notamment de ne pas s’être assez opposé à la Commission européenne sur des sujets cruciaux comme la PAC, les quotas laitiers ou encore l’adoption du bilan de santé de la PAC en 2008, qui avait réorienté les aides européennes vers l’élevage. Cette réorientation avait privé les céréaliers d’un milliard d’euros d’aide, situation aggravée par une moisson désastreuse.
La France vient de connaître sa pire récolte de blé en quatre décennies : seulement 26 millions de tonnes. Cela représente une baisse de 26% par rapport à 2023, d’après l’Association générale des producteurs de blé. Les pertes financières sont estimées à 3 milliards d’euros. Les céréaliers demandent des prêts garantis par l’État pour pouvoir surmonter cette crise.