Découverte grâce au film d’Abdellatif Kechiche, qui a remporté la Palme d’or à Cannes en 2013, l’actrice s’est progressivement orientée vers des productions cinématographiques grand public au cours des dix dernières années. Actuellement, elle tient le rôle principal dans le dernier long-métrage de Gilles Lelouche, entourée d’un casting prestigieux.
Adèle Exarchopoulos est devenue une figure incontournable du cinéma français. Son nom, d’origine grecque par son arrière-grand-père, était autrefois source de maladresses. Tout a changé avec son interprétation dans La Vie d’Adèle, sous la direction d’Abdellatif Kechiche. Sa performance a fait sensation à Cannes en 2013, propulsant la jeune actrice sur le devant de la scène. Dix ans plus tard, elle est bien établie dans le milieu, avec deux César à son actif à seulement 30 ans. Elle revient à l’affiche dans le nouveau film de Gilles Lellouche, L’Amour ouf, avec un casting impressionnant composé, entre autres, de François Civil et Vincent Lacoste. Explorons les moments clés de sa carrière.
« La Vie d’Adèle » transforme tout pour elle
Dans le film d’Abdellatif Kechiche, Adèle Exarchopoulos brille aux côtés de Léa Seydoux dans une histoire d’amour entre deux jeunes femmes, adaptée de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. Elle raconte à L’Express à quel point elle a désiré ce rôle, après avoir fait ses débuts dans le théâtre à 9 ans. Sa carrière comprenait déjà des rôles mineurs, comme dans Boxes de Jane Birkin ou La Rafle de Roselyne Bosch. Mais c’est dans La Vie d’Adèle qu’elle tient pour la première fois le rôle principal, ce qui transformera sa vie. À 19 ans, elle passe cinq mois sur le tournage et fait l’expérience des méthodes controversées de Kechiche. Le film impressionne Cannes, au point que Steven Spielberg, président du jury du Festival, propose de remettre la Palme d’or également aux deux actrices.
La promotion du film s’avère tumultueuse, avec Léa Seydoux qualifiant le tournage de « horrible » dans The Daily Beast. Adèle est plus mesurée dans ses critiques, mais évoque néanmoins les moments difficiles. Malgré tout, elle défend le réalisateur dans Le Journal du dimanche, parlant de sa passion débordante et de l’impact positif de cette expérience sur elle. « Abdel m’a instruite d’une manière bien plus intense que dix-huit ans de scolarité », confie-t-elle alors.
Sean Penn l’invite à Hollywood
Suite au succès de La Vie d’Adèle, Adèle Exarchopoulos voit son nom reconnu et correctement prononcé. Sa famille se trouve libérée du besoin de défendre ce nom difficile à écorcher. Sean Penn, impressionné par son talent, lui propose une rencontre lors d’une visite à Los Angeles où elle doit être honorée. Cette fois, sa nervosité pour la remise de son prix est éclipsée par la perspective de rencontrer la star hollywoodienne qui la veut pour un rôle dans son film The Last Face, aux côtés de Javier Bardem et Charlize Theron.
Pour ce retour à Cannes avec The Last Face, les attentes sont grandes, mais les réactions sont plus que mitigées. Elle reconnait avoir reçu une « grande claque », même si elle trouve les critiques un peu dures. Si elle a rejoint l’agence CAA, sa carrière à Hollywood reste toujours en suspens. Elle le dit bien, elle n’est pas obsédée par l’idée de travailler aux États-Unis.
Une pause dans les films pour une vie normale
À 23 ans, Adèle ralentit sa carrière après être tombée enceinte du rappeur Doum’s, ce qui l’amène à laisser passer deux projets internationaux. Recherchant un retour à la simplicité, elle se tourne vers un travail plus concret avec son père à l’Accor Arena. Elle décrit ce besoin de normalité dans Libération, même si son père la met en garde contre la futilité de cette démarche en lui disant qu’il ne s’agit pas seulement de montrer qu’elle reste une personne lambda.
Alors qu’elle sert des sandwiches, les clients lui remarquent une ressemblance avec « cette fille Popoulos de Cannes », ce qui amuse le quotidien Le Monde. Après cette parenthèse de deux mois, la vie d’artiste lui manque et la naissance de son fils la ramène à sa vocation d’actrice.
Ses rôles comiques captivent le public
Malgré la perception d’elle comme une actrice exclusivement dramatique depuis La Vie d’Adèle, Adèle a toujours aimé la comédie. Les rôles plus légers lui attirent enfin l’attention, avec Mandibules de Quentin Dupieux et la série La Flamme. Cela intervient après qu’elle ait changé d’agent en 2018, passant de Denis Planat à Grégory Weill et l’agence Adequat.
Dans Mandibules, Adèle adopte un style de jeu excentrique et s’amuse avec la folie de son personnage. Dans La Flamme, elle improvise joyeusement, malgré les scènes coupées en raison de ses fous rires, mais elle considère ce tournage comme le meilleur de sa carrière à ce jour.
Doublée de César, elle s’affirme enfin
Dix ans après son premier César du meilleur espoir féminin pour La Vie d’Adèle, elle décroche un nouveau trophée en tant que meilleure actrice dans un second rôle pour Je verrai toujours vos visages. Son rôle de victime d’inceste pose un véritable défi, qu’elle surmonte avec brio en incarnant des dialogues profondément chargés de souvenirs douloureux.
Lors de sa montée sur scène, elle dédie son prix aux victimes de violences et aux travailleurs sociaux qui luttent avec peu de moyens. Malgré cette reconnaissance, elle avoue toujours ressentir le syndrome de l’imposteur, ce qui, selon elle, nourrit son art et sa passion pour jouer. C’est dans Vanity Fair qu’elle partage ces réflexions, marquant sa constance et la peur qu’elle ressent avant chaque tournage.