Attrapé en train d’acheter de la drogue dans la capitale française, le député de la Loire-Atlantique affilié à La France insoumise admet avoir une dépendance. Il s’engage à « entamer un programme de traitement », mais n’envisage pas de quitter ses fonctions.
La question de la démission s’est posée suite à l’arrestation en flagrant délit d’un député de La France Insoumise, Andy Kerbrat, surpris en train d’acheter de la drogue, un produit de synthèse connu pour ses effets euphorisants et stimulants de la libido, auprès d’un dealer mineur dans le métro de Paris, en pleine nuit. Les preuves sont irréfutables et le député de la Loire-Atlantique a rapidement admis les faits, le mardi 22 octobre. Poursuivi pour « usage de stupéfiants », il a exprimé ses “excuses” à ses concitoyens et opté pour une approche de victimisation. Il a reconnu souffrir d’“addictions” et promis de suivre un traitement afin de reprendre ses “tâches parlementaires”.
Il ne semble donc pas envisager de renoncer à son poste. Les insoumis et les écologistes lui montrent leur soutien unanime. Les députées Sandrine Rousseau et Sophia Chikirou expriment leur empathie envers cet “homme qui a beaucoup souffert”. À l’opposé, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau exhorte le député à “assumer les conséquences de ses actes” et déclare inacceptable “qu’un représentant de la République se procure des drogues de synthèse auprès d’un revendeur de rue, surtout lorsque le narco-banditisme prend racine en France”. Cette affaire soulève des questions cruciales concernant l’éthique personnelle, le dédoublement des élus, et la responsabilité politique.
Devoir d’exemplarité et responsabilité en politique
Décider de démissionner ou non est une décision qui revient entièrement à Andy Kerbrat, sans qu’il y soit forcé. Cependant, cette conduite illicite privée contraste de manière embarrassante avec ses positions publiques : il a souvent critiqué les actions des trafiquants de drogue et cosigné récemment une pétition parlementaire pressant le gouvernement d’agir contre les méfaits du Chemsex, une consommation de drogue au cours de relations sexuelles. À ce sujet, on se rappelle l’exemple de Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget, qui pratiquait lui-même la fraude fiscale tout en pourchassant les fraudeurs. Au-delà de cela, il existe une certaine conception de la responsabilité politique qui impose aux élus un devoir d’exemplarité.
Dans les démocraties d’Europe du Nord ou anglo-saxonnes, un député pris en train d’acheter de la drogue serait immédiatement contraint de quitter ses fonctions. En France, la situation est souvent plus délicate. Nombreux sont les politiciens, tels que de Patrick Balkany à Adrien Quatennens, qui se sont maintenus à leur poste malgré des condamnations, ce qui met à mal la crédibilité de la classe politique. Parfois, tout est aussi une question d’image et de répercussion médiatique. On se souvient que l’ancien ministre François de Rugy avait dû démissionner suite à des dîners jugés coûteux, bien que légaux. Les drogues synthétiques semblent assurément avoir un impact médiatique différent de celui des homards.