Dans un entretien accordé au « Journal du Dimanche », Michel Barnier affirme sa volonté de « contrôler les coûts de l’AME », tout en précisant que son intention ne doit pas être « mal interprétée ». Concernant cette question qui divise son gouvernement, le Premier ministre semble adopter une approche qui rappelle le « en même temps ».
Michel Barnier offre davantage de détails concernant une source de tension au sein de son gouvernement : d’un côté, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui souhaite réformer l’Aide médicale d’État (AME) et de l’autre, Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé, qui désire la maintenir inchangée. Dans une interview au Journal du dimanche, parue le 20 octobre, une publication au positionnement notablement conservateur, le Premier ministre semble vouloir équilibrer ces positions divergentes.
Michel Barnier exprime le désir d’« une gestion rigoureuse des dépenses de l’AME » et de « s’assurer que l’AME serve toujours son but, en tant qu’outil de santé publique ». Cette aide, qui permet de couvrir les frais de santé des étrangers résidant en France depuis au moins trois mois, n’est pas remise en question quant à son utilité ou sa nécessité. Pourtant, son message, bien que succinct et tenu en deux phrases, laisse place à de multiples interprétations.
Michel Barnier ménage les susceptibilités
À qui s’adresse le Premier ministre lorsqu’il insiste sur le fait que l’AME doit rester « un outil de santé publique et ne jamais être détournée de son but » ? Vise-t-il à égratigner son ministre de l’Intérieur, accusé par certains de vouloir utiliser l’AME pour pointer du doigt les étrangers ? Ou bien adopte-t-il une position inverse, suggérant que des ajustements dans le fonctionnement de l’AME sont nécessaires pour éviter qu’elle n’attire les étrangers pour des raisons inappropriées ? La réponse demeure floue, mais il est crucial de se rappeler qu’il s’adresse à un public de droite.
En minimisant ses propos, Michel Barnier s’efforce de ne désavouer ni Bruno Retailleau ni Geneviève Darrieussecq, mais surtout de ne froisser aucun camp politique. Il évite de s’aliéner la droite, qui soutient fermement le ministre de l’Intérieur, ni le centre, aligné sur la position de la ministre de la Santé. Ces deux soutiens sont essentiels pour sa stabilité tant au sein du gouvernement qu’à l’Assemblée nationale.
Concernant les budgets alloués à l’AME, Michel Barnier se montre plus explicite. Il affirme qu’« il est impératif de contrôler les dépenses de l’AME » et souligne que « le gouvernement et le Parlement prendront toutes les mesures nécessaires pour contenir ces dépenses ». Il est conscient qu’une légère hausse de l’aide, initialement prévue dans le budget, a provoqué l’indignation de l’extrême droite, avant d’être finalement mise en pause. Il est important de noter que l’AME, malgré la ferveur des débats qu’elle suscite, ne représente que 0,5 % des dépenses de santé totales, bien que le nombre de ses bénéficiaires continue de croître.