Mardi, Pierre Ferracci, qui dirige le groupe Alpha et est expert en relations sociales, est l’invité éco sur 42mag.fr. Cet entretien intervient dans le cadre de l’ouverture d’une nouvelle discussion concernant l’assurance-chômage.
Les négociations entre syndicats et patronat reprennent
Ce mardi, le 22 octobre, les organisations syndicales et les représentants patronaux se réunissent de nouveau pour débattre de l’assurance-chômage et de l’emploi des travailleurs âgés. Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, l’ancienne réforme a été mise en attente, et un nouvel accord est à trouver avant le 15 novembre. Pierre Ferracci, président du groupe Alpha spécialisé dans les relations sociales, partage son point de vue sur ces discussions sur 42mag.fr.
La voie de la concertation privilégiée
42mag.fr questionne : Le Premier ministre, Michel Barnier, a opté pour laisser les partenaires sociaux gérer les négociations plutôt que de reprendre le contrôle total. Est-ce la bonne approche ?
Pierre Ferracci répond : Absolument, je le pense. Ayant déclaré avant l’été que la réforme suggérée par Gabriel Attal était inappropriée et trop sévère, j’étais satisfait de voir sa mise en pause après les élections. La situation actuelle de l’emploi est tendue, avec de nombreuses restructurations et une hausse notable des procédures collectives. Les remboursements des prêts garantis par l’État sont devenus ardus pour plusieurs entreprises. Dans ce contexte, il n’est pas opportun de réduire la durée d’indemnisation ; il faudrait plutôt soutenir davantage les demandeurs d’emploi pour qu’ils réintègrent rapidement le marché du travail.
Économies ou risque pour le chômage
Avec une injonction de 800 millions d’euros à économiser sur l’assurance-chômage, est-ce justifié de faire des économies en ce moment ?
Ce n’est pas le moment de réduire le soutien aux chômeurs. La situation budgétaire est alarmante, avec un déficit annoncé supérieur à 6 %, malgré des mesures drastiques envisagées. Tandis que l’on cherche à réduire les dépenses publiques de 40 milliards et à augmenter les impôts de 20 milliards, il est crucial de ne pas aggraver les inégalités sociales. La situation économique se dégrade, notamment dans des secteurs comme l’industrie automobile, nécessitant une approche prudente dans la réforme de l’assurance-chômage.
Impact des exonérations de cotisations
Parallèlement aux discussions sur l’assurance-chômage, la commission des affaires sociales examine le budget de la Sécurité sociale, mis à mal par le gouvernement qui prévoit de réduire les exonérations de cotisations accordées aux entreprises de 4 milliards d’euros. Le patronat s’inquiète que cela augmente le coût du travail et menace des centaines de milliers d’emplois. Ces inquiétudes sont-elles fondées ?
Bien que les réactions soient vives, avec Patrick Martin du Medef qualifiant cela de menace pour de nombreux emplois, il faut prendre du recul. La France a axé ses politiques économiques sur la réduction du coût du travail, contrairement à d’autres pays qui ont investi dans la qualité et la formation. Notre approche a souvent négligé l’industrie et la montée en compétences, mettant en péril notre compétitivité. Au lieu de s’ancrer uniquement dans des exonérations concentrées sur les bas salaires, il est préférable de diversifier les stratégies en soutenant l’élévation des qualifications et la qualité du travail.
Baisse des retraites et enjeux budgétaires
Le gel temporaire des pensions de retraite soulève une forte indignation. Laurent Saint-Martin propose de préserver les petites retraites si d’autres sources de financement sont trouvées. Doit-on emprunter cette voie ?
La question des retraites est loin d’être terminée. Les protestations récentes soulignent les préoccupations face au pouvoir d’achat. Protéger les petites retraites doit être prioritaire, tout en débattant des différentes options avec le Parlement. Les mesures ne doivent pas accentuer les inégalités existantes, surtout quand les déficits dépassent les prévisions.
Sur quel seuil pourrait-on se baser pour protéger les pensions, 1 200 euros, 1 400 euros ? Le débat doit viser à soutenir les petits revenus et à s’attaquer aux disparités existantes en préservant le pouvoir d’achat de manière équilibrée.
Préserver le pouvoir d’achat
Garder intact le pouvoir d’achat est impératif, que ce soit via les pensions de retraite ou les rémunérations globales. La colère face aux réformes s’enracine dans les difficultés économiques et une inflation persistante qui n’a pas toujours été compensée par une augmentation des salaires. Adapter les politiques pour éviter d’aggraver cette situation est crucial.