Lundi soir, les parlementaires débutent leur étude du projet de loi de finances pour 2025. Ce texte budgétaire, présenté par le gouvernement, inclut une initiative visant à économiser 60 milliards d’euros.
Objectifs budgétaires ambitieux pour 2025 : une menace pour la croissance économique ?
Selon Anne-Laure Delatte, économiste et directrice de recherche au CNRS, les 60 milliards d’euros de coupes budgétaires prévus dans le budget 2025 par le gouvernement pourraient fragiliser l’économie en réduisant la croissance de moitié. C’est ce qu’elle a exprimé lors d’une intervention sur 42mag.fr le lundi 21 octobre. Le même soir, le volet des recettes du projet de loi de finances pour 2025 est discuté devant l’Assemblée nationale. Le plan proposé par le Premier ministre Michel Barnier, à la tête d’un gouvernement de droite et du centre, inclut un sérieux ajustement budgétaire de 60 milliards d’euros.
42mag.fr : Le poids des économies prévues sur la croissance
À la question de savoir si ces 60 milliards d’euros d’économies auront un impact récessif, Anne-Laure Delatte souligne que des études réalisées récemment par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoient une baisse de moitié de la croissance économique. La logique sous-jacente est simple : en réduisant les dépenses publiques, l’État diminue le revenu global des citoyens. Prenons par exemple la réduction envisagée des remboursements des consultations médicales. Si vous êtes couvert par une mutuelle, celle-ci devra compenser cette baisse, entraînant potentiellement une augmentation de vos cotisations. Cela concerne la majorité des Français, soit 95%. Pour les 5% restant, dépourvus de mutuelle, la réduction des remboursements se fera sentir immédiatement.
Orientation des politiques fiscales : une question de focus
Cela signifie-t-il que le gouvernement aurait dû se focaliser uniquement sur les dépenses sans toucher aux impôts ? Anne-Laure Delatte exprime son désaccord, en expliquant que la marge de manœuvre est généralement plus grande du côté des recettes. Tout dépend du type d’impôts concerné. Certains prélèvements, s’ils ciblent les ménages disposant d’une épargne substantielle, n’auraient qu’un impact limité sur la consommation et donc sur le PIB. Par exemple, une augmentation de la TVA affecterait largement l’ensemble de la population, y compris les plus vulnérables, tandis qu’une hausse des taxes sur le patrimoine ne modérerait pas drastiquement les habitudes de consommation des plus riches.
Implications des taxes sur l’électricité
La question de l’impact des taxes, comme celles sur l’électricité que le Rassemblement national souhaite voir supprimées, mérite réflexion. Une taxe qui touche une grande partie des ménages a un effet économique tangible et peut ne pas être souhaitable. Il est crucial de trouver des leviers fiscaux qui n’alourdissent pas excessivement le circuit économique et qui ont un impact limité sur la croissance globale, ce qui ne semble pas être suffisamment pris en compte dans la planification budgétaire actuelle du gouvernement.
Propositions pour un budget mieux préparé
Il est essentiel d’anticiper l’avenir, surtout en tenant compte de défis comme le changement climatique et les crises sanitaires potentielles. Anne-Laure Delatte recommande d’accroître certaines impositions, notamment celles sur les richesses élevées et les multinationales évitant l’impôt par diverses stratégies. Ces nouvelles recettes fiscales pourraient permettre de combler une partie du déficit tout en réservant une enveloppe dédiée à la préparation aux défis futurs.
Taxation des superprofits et réformulation de l’ISF
L’idée d’une taxation sur les superprofits, comme souhaité par certaines factions politiques, représenterait une source de revenus conséquente, estimée à environ 15 milliards d’euros. De même, un impôt révisé sur la fortune pourrait également générer des ressources non négligeables. Des pistes supplémentaires incluent la réduction de certaines exonérations fiscales ou la mise en place d’une taxe sur les transactions financières.
Une stratégie fiscale en désaccord avec les besoins actuels
Depuis 2017, la politique mise en place s’est concentrée sur la réduction des prélèvements obligatoires, conformément à une orientation libérale qui n’a pas porté ses fruits selon Anne-Laure Delatte. La baisse des ressources fiscales a contribué au déséquilibre budgétaire plutôt qu’une supposée explosion des dépenses publiques. Le projet de loi de finances pour 2025 ne semble pas apporter une solution efficace à cette problématique dominante.