Plusieurs parlementaires, issus de différents partis, critiquent vivement le projet de loi de finances pour 2025, dévoilé jeudi par le gouvernement. Ce texte suscite de nombreuses oppositions, notamment en raison des augmentations fiscales et des réductions des dépenses publiques qu’il propose.
Le budget 2025 a été présenté par le gouvernement le jeudi 10 octobre. Dans un contexte où les finances publiques françaises se détériorent sensiblement, le Premier ministre Michel Barnier doit jongler avec diverses contraintes. Le texte prévoit le report de la revalorisation des pensions, la suppression de postes de fonctionnaires, ainsi qu’une augmentation des impôts pour les plus nantis et les entreprises aux bénéfices importants. Ces dispositions suscitent de vives critiques parmi les députés.
D’ailleurs, à l’Assemblée, ce budget est vu par les élus comme une première mouture à améliorer. Même parmi les députés du mouvement macroniste, les positions ne sont pas entièrement alignées. Par exemple, Mathieu Lefèvre s’exprime : « Je pense que nous avons poussé la barre trop haut concernant les impôts, c’est plus conséquent que ce que François Hollande avait fait en 2012. »
L’élu prévoit de pousser le débat plus loin : « J’espère que la discussion au Parlement mènera à troquer ces augmentations d’impôts contre des réductions des dépenses publiques. » Toutefois, c’est précisément cette réduction des dépenses qui fait bondir la gauche.
« De nombreux choix vont impacter durement »
« Ce budget s’annonce sombre pour les citoyens français, en particulier pour les classes moyennes et défavorisées, » regrette Eric Coquerel, élu LFI et président de la commission des finances. « Les coupes prévues dans des domaines tels que l’écologie, l’éducation nationale et la santé sont intolérables. »
« Il y a une véritable erreur stratégique dans ce budget » déclare Laurent Baumel, député socialiste d’Indre-et-Loire et membre de la même commission, lors d’une intervention sur 42mag.fr. « Bien que je comprenne le désir de réduire le déficit, les raisons de sa croissance doivent être traitées, » ajoute-t-il. « Depuis l’ère Macron, une diminution massive et systématique des impôts pour les plus aisés et les grandes entreprises a été mise en œuvre, » critique-t-il également.
« Attaquer les dépenses publiques et de nombreuses dépenses essentielles contribuera à freiner la croissance et mettra en difficulté de nombreuses personnes dans les classes populaires et moyennes, » déplore-t-il. « De nombreux choix auront des conséquences fâcheuses. »
Le RN envisage une éventuelle censure
Le Rassemblement National reste tout aussi sceptique. Le député Jean-Philippe Tanguy espère que Michel Barnier tiendra compte des propositions du RN : « Si le gouvernement n’entend pas raison et ne modifie pas sa proposition avec les idées concrètes du Rassemblement National, nous envisagerons probablement la censure. » Selon Tanguy, « ce budget est un raccourci facile, reprenant toutes les erreurs commises au cours des cinquante dernières années. »
« Les finances publiques ne se redressent pas, » estime le député de la Somme, pointant que « les dépenses publiques continuent de s’accroître au-delà de l’inflation. » Selon lui, les citoyens français perdront en pouvoir d’achat, notamment en raison de l’augmentation des prélèvements obligatoires pour certains et du gel de l’indexation des retraites.
« Il est inacceptable d’approuver la proposition telle qu’elle est aujourd’hui. »
Jean-Philippe Tanguy, député RNsur 42mag.fr
« Où sont les efforts pour réduire la bureaucratie, le mille-feuille administratif, l’immigration, ou encore le financement de l’Union européenne ? » s’interroge le député RN qui refuse d’approuver le budget tel quel. « Supprimer 4 000 postes d’enseignants sans s’attaquer à la bureaucratie est intolérable, » s’indigne-t-il.
« Le Parlement peut bonifier » le budget, affirme Michel Barnier, tout en maintenant les équilibres en place. Le chef du gouvernement, qui va demander un effort budgétaire de 60 milliards d’euros aux Français, doit résoudre une équation complexe : apaiser à la fois les demandes de la gauche et de l’extrême droite afin d’éviter que ces deux camps ne coopèrent sur une motion de censure.