Le gouvernement a dévoilé son plan budgétaire pour 2025, qui met l’accent sur la réduction du nombre de fonctionnaires et l’augmentation des taxes pour les grandes entreprises ainsi que pour les personnes fortunées. Son objectif est de rétablir l’équilibre des finances publiques en privilégiant une approche responsable plutôt que de chercher à gagner en popularité.
« Ni une austérité sévère, ni un écrasement fiscal » : c’est ainsi que le gouvernement a choisi de présenter son projet de budget pour 2025. Prévu avec une réduction du nombre de fonctionnaires et une augmentation d’impôts pour les grandes entreprises et les foyers les plus fortunés, l’exécutif a opté pour un frein notable des dépenses tout en réintroduisant les hausses fiscales. L’objectif de ce budget est de rétablir l’équilibre des finances publiques dans un contexte politique extrêmement instable.
Le gouvernement a donc exposé son plan pour dégager « 60 milliards d’euros » grâce aux projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale, des textes qui promettent des débats animés à l’Assemblée nationale où le gouvernement ne dispose pas d’une majorité solide. Comme prévu depuis quelques semaines, environ 40 milliards d’économies sur les dépenses publiques sont envisagés, accompagnés de 20 milliards d’augmentations fiscales visant les grandes entreprises et les contribuables les plus riches.
« La responsabilité plutôt que la popularité »
En arrière-plan, le gouvernement affirme fermement ses choix audacieux. L’exécutif en a pleinement conscience : la facture est conséquente, notamment avec la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, le gel des retraites par rapport à l’inflation et une réduction du remboursement des consultations médicales afin que les mutuelles interviennent davantage. Cependant, Laurent Saint-Martin, le ministre des Comptes publics, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre par plaisir. « Il n’y a pas un coupable à désigner. C’est une responsabilité collective que nous devons assumer pour redresser les finances publiques. Mais nous ne pouvons plus attendre : il faut faire des choix courageux maintenant pour éviter des décisions douloureuses à l’avenir« , a-t-il argumenté.
Le gouvernement a cherché à clore tout débat en expliquant que ces mesures ne constituent ni une austérité sévère, ni une surcharge fiscale générale, mais des efforts temporaires et ciblés. « Juste une période difficile à traverser« , selon Michel Barnier, cité par Maud Bregeon, la porte-parole de l’exécutif, à l’issue du Conseil des ministres jeudi dernier.
« Il a réaffirmé sa volonté de dire la vérité et a rappelé sa détermination à privilégier la responsabilité à la popularité »
Maud Bregeon,lors du Conseil des ministres
C’est aussi une manière d’habituer peu à peu les esprits à l’éventualité presque certaine du recours à l’article 49-3. Un ministre a confié : « En politique, on apprend à ne jamais dire jamais.«
Le retrait d’Emmanuel Macron
Bien que le Premier ministre assume le fait d’être impopulaire, il est loin de vouloir confronter directement le risque d’une destitution prématurée. Par conséquent, le plan est présenté comme ajustable : 60 milliards restent à identifier, se répartissant en deux tiers de réductions des dépenses et un tiers d’augmentation fiscale. L’amère pilule doit être avalée, mais la recette exacte peut encore être ajustée. « Toute proposition visant à substituer un euro d’impôt à un euro de dépenses sera examinée avec soin et adoptée chaque fois que possible« , déclare ainsi Antoine Armand, le ministre de l’Economie.
« Une autre attitude serait incomprise« , enchaine un membre du gouvernement, désireux d’éviter une confrontation brutale avec l’Assemblée, alors que l’examen de ce budget 2025 démarre en commission, le mercredi 16 octobre, avant une discussion en plénière attendue à la fin du mois.
Pendant ce temps, fidèle à une « période de silence » défendue par l’Élysée, Emmanuel Macron, qui a présidé le Conseil des ministres, se montre discret. Le Président est resté impassible : « Il a laissé les ministres s’exprimer« , rapporte un participant, le décrivant presque en retrait. « Nous vivons un changement d’époque« , souligne l’Élysée. Un proche du Président précise : « Il n’est pas dans le jugement, il a évoqué une rupture« .
Pour autant, certains, même parmi ses partisans, lui reprochent les déviations des finances du pays. Emmanuel Macron pourrait bien se réveiller ce matin avec la conviction que ce premier budget de cohabitation exigeante heurte ses convictions, ses symboles, voire ses principes politiques fondamentaux.