Le chef du gouvernement, Michel Barnier, envisage en particulier de réduire les dépenses de l’État d’environ 40 milliards d’euros pour l’année à venir. Par ailleurs, l’exécutif a l’intention de repousser de six mois l’augmentation des retraites, qui était initialement planifiée pour le 1er janvier.
Le plan financier du gouvernement commence à prendre forme. Lors d’un discours à l’Assemblée nationale le 1er octobre, Michel Barnier a annoncé son ambition de réduire le déficit public à 5 % en 2025 et à 3 % en 2029, après un écart prévu à plus de 6 % cette année. Pour atteindre ces objectifs, l’exécutif envisage de trouver 60 milliards d’euros dès l’année prochaine.
Environ « deux tiers » de cet effort financier, soit environ 40 milliards d’euros, proviendront d’une réduction des dépenses publiques, a affirmé le Premier ministre. L’autre tiers, correspondant à 20 milliards, sera assuré par des augmentations de recettes, en particulier grâce à des taxes ciblées et « exceptionnelles ».
Afin de préparer le projet de loi de finances, qui sera présenté en Conseil des ministres le 10 octobre prochain, 42mag.fr passe en revue les premières propositions du gouvernement.
Des augmentations d’impôts « temporaires » pour les plus riches et certaines grandes entreprises
Pour améliorer les finances publiques, le Premier ministre a annoncé une « contribution au redressement collectif de la part des grandes entreprises ayant des profits élevés » et prévoit également une « contribution exceptionnelle » des « Français les plus aisés ». Cependant, le ministre de l’Économie a précisé que cet « effort » sera « temporaire » et « exceptionnel ». « Il n’est pas question que cela dure plusieurs années de suite pour tout le monde au même niveau », a souligné Antoine Armand, le ministre de l’Économie, le 2 octobre sur RTL.
Ces augmentations d’impôts concerneront uniquement les personnes ayant « des revenus extrêmement élevés », a-t-il ajouté. Pour les entreprises, « les TPE, PME, les entreprises de taille intermédiaire et de nombreux groupes actuellement vulnérables ne devront pas contribuer davantage ». « L’idée est de faire en sorte que les très grands groupes du pays, qui ont fait des bénéfices y compris dans des périodes difficiles, contribuent », a expliqué le ministre.
En revanche, le ministre de l’Économie a assuré qu’il n’augmenterait pas les impôts « de manière générale pour ceux qui travaillent au quotidien » et qu’il n’augmenterait pas « la fiscalité des classes moyennes et moyennes supérieures ». À ce jour, le gouvernement n’a pas donné de chiffres précis concernant les recettes attendues de ces hausses d’impôts, renvoyant pour plus de détails à la présentation du projet de loi de finances (PLF) la semaine prochaine.
Environ 20 milliards d’économies demandées aux ministères
L’État sera le principal acteur de l’effort de réduction des dépenses. Les lettres plafonds envoyées fin août par le précédent gouvernement avaient déjà prévu une diminution des dépenses des ministères de 15 milliards d’euros en 2025. La nouvelle équipe gouvernementale souhaite ajouter 5 milliards supplémentaires à ce montant. Cependant, en raison des délais serrés pour élaborer le budget, cet effort supplémentaire n’a pas pu être inclus à temps dans le projet de loi de finances soumis au Haut Conseil des finances publiques et sera défendu par le gouvernement au Parlement par des amendements.
Le gouvernement considère que toutes les administrations publiques doivent contribuer. Plus d’un milliard d’euros d’économies sera exigé des opérateurs de l’État. Une « modération » des dépenses des collectivités locales est également attendue. Devant la commission des finances de l’Assemblée fin septembre, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s’est alarmé de dépenses locales « plus élevées que prévu », mentionnant une dépassement « de l’ordre de 16 milliards d’euros pour 2024 ». Dans un rapport publié récemment, la Cour des comptes suggère la suppression progressive de 100 000 postes dans les collectivités locales pour générer « 4,1 milliards d’euros par an à partir de 2030 ».
Report de la revalorisation des pensions de retraite au 1er juillet
Le gouvernement prévoit également de mieux contrôler les dépenses sociales. Sur ce point, les pensions de retraite continueront d’être indexées sur l’inflation en 2025, comme Emmanuel Macron s’y était engagé en juin avant les législatives anticipées. Traditionnellement, cette revalorisation a lieu le 1er janvier.Néanmoins, le gouvernement a décidé de repousser l’application de cette mesure au 1er juillet.
Alors que la loi prévoit l’indexation des pensions de retraite sur la hausse des prix, cette règle n’a pas toujours été suivie. Les gouvernements successifs ont parfois retardé l’entrée en vigueur de cette revalorisation, ou choisi de sous-indexer les pensions par rapport à l’inflation, voire de les geler.
Environ 1,5 milliard de recettes pour la transition écologique
Pour ce qui concerne les recettes supplémentaires, le gouvernement prévoit de générer environ 1,5 milliard d’euros par des mesures en faveur du verdissement de l’économie. Tout comme l’effort supplémentaire demandé aux ministères, ces mesures n’ont pas pu être incluses à temps dans la version initiale du projet de loi de finances et seront proposées par le gouvernement sous forme d’amendements.
L’exécutif envisage notamment un malus sur les véhicules les plus polluants et un renforcement de la fiscalité sur les modes de transport les plus nocifs pour l’environnement. Bien que les détails sur les secteurs concernés n’aient pas encore été donnés, les acteurs du transport aérien craignent déjà une augmentation de la fiscalité. Le PDG de Corsair et président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), Pascal de Izaguirre, a déclaré à l’AFP qu’une répercussion sur le prix des billets pourrait être envisagée, en expliquant que « les compagnies aériennes ne peuvent pas absorber un tel choc fiscal ».